Electrifier les véhicules de transport en commun : un défi multidimensionnel

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Le souci de limiter l’impact des transports routiers sur la santé humaine et l’environnement est aujourd’hui largement partagé et conduit de nombreux acteurs à promouvoir l’électrification des véhicules motorisés. Dans ce contexte, l’accent est souvent mis sur les véhicules privés.

Partant du constat que les transports en commun ont un rôle central à jouer dans un système de mobilité soutenable, Inter-Environnement Wallonie a estimé utile d’élargir aux véhicules de transport en commun par route1 le débat politique et public relatif au transfert technologique. Une étude bibliographique e été réalisée à cette fin, avec le soutien de l’ECF (European Climate Foundation : fondation européenne pour le climat).

Le défi du renouvellement des flottes est immense et d’actualité : en Europe, 45% des bus en circulation sont de norme Euro III ou antérieure2. Néanmoins, le marché est en mutation rapide. Ainsi, les bus électriques « rechargeables » (soit les bus à batteries, les bus à pile à combustible et les bus hybrides rechargeables) représentaient 4% du marché des véhicules neufs en Europe en 20193.

Dans son étude bibliographique (dont copie a été adressée aux autorités politiques et administratives), après un rappel des technologies en concurrence, IEW présente quelques points d’attention dégagés sur base de l’analyse de projets d’électrification entrepris par différents opérateurs de transports en commun. Sont ensuite présentés quelques éléments de la législation européenne et des recommandations de la Commission en matière de promotion de véhicules propres, de marchés publics, d’incitants financiers et d’aides d’Etat.

C’est sur base de ces éléments qu’Inter-Environnement Wallonie formule une série de recommandations structurées en cinq axes présentés schématiquement ci-dessous.

Développer une stratégie à long terme

Il est indispensable de savoir quels services on veut développer dans le futur afin de pouvoir définir une stratégie d’électrification adaptée, avec des objectifs intermédiaires. Pour que le matériel acheté aujourd’hui puisse s’inscrire dans le schéma d’exploitation de demain.

Favoriser la filière tout électrique

Les bus à batteries, technique à privilégier dans la mesure du possible, sont à recommander absolument pour les véhicules les plus modestes ; les trolleybus à batteries constituent une solution pertinente pour les grandes agglomérations ; les bus à hydrogène (à pile à combustible) sont à envisager pour les lignes express ; les bus hybrides rechargeables sont à réserver aux services interurbains et ruraux ne pouvant être actuellement assurés par une des autres filières.

Adopter une approche holistique

L’électrification est nécessaire mais n’est pas suffisante ; elle ne fait sens que si l’entièreté du cycle de vie des véhicules et de l’énergie qu’ils consomment est prise en compte ; de plus, les projets d’électrification devraient idéalement être développés en considérant les potentielles synergies avec d’autres services en lien avec l’énergie et le transport.

Développer des aides et incitants ciblés

L’électrification des transports en commun par route fait triplement sens : renfort de leur attrait (et donc du transfert modal en leur faveur), amélioration des performances environnementales de cet élément central d’un système de transports soutenable et « porte d’entrée » pour des technologies moins aisées à appliquer à de plus petits véhicules ; IEW recommande dès lors aux pouvoirs publics de cibler les aides et incitants à l’électrification vers les véhicules de transport en commun plutôt que vers les véhicules privés.

Soutenir les villes, communes et collectivités

Il apparaît raisonnable de collectiviser et partager l’expertise (technique, juridique et financière) nécessaire pour réaliser une électrification optimale des véhicules de transport en commun au sein de l’administration régionale (SPW MI, AOT4[4]), laquelle aurait dès lors un rôle de soutien et d’aide aux villes, communes et collectivités dans leurs projets d’électrification des véhicules de transport en commun.

Cliquez pour lire la version détaillée et/ou la version succincte de l’étude bibliographique


  1. En termes d’électrification du réseau ferroviaire, la Belgique se classe deuxième en Europe, derrière le Grand-Duché de Luxembourg, ce qui explique l’excellente performance environnementale du transport ferroviaire belge.
  2. Pourbaix J. 2019. Deployment of electric buses in Europe. UITP
  3. ACEA. 21/04/2020. Fuel types of new buses: diesel 85%, hybrid 4.8%, electric 4%, alternative fuels 6.2% share in 2019 – Press release
  4. Service Public de Wallonie Mobilité et Infrastructures, Autorité organisatrice du Transport