Emplois verts, greenwhasing capitaliste?

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Un colloque, « emploi et environnement », s’est tenu, jeudi 17 juin, à Namur. Organisé par le RISE (Réseau intersyndical de sensibilisation à l’environnement), l’objectif de ce colloque était d’exposer les travaux du réseau en matière d’emploi vert, et de les soumettre au débat. Après une matinée où ont tour à tour pris la parole Jean-Marie Harribey (professeur français d’université en économie), Philippe Defeyt (président du CPAS de Namur), et Philippe Pochet (directeur général de l’Institut syndical européen), quatre ateliers complémentaires se sont déroulés l’après-midi. Le but recherché était l’approfondissement des réflexions du matin, et leur mise en débat.

On peut se réjouir que les syndicats s’approprient enfin, après un long silence, les problématiques environnementales. Ce long silence s’explique : près de 75% des émissions mondiales de GES sont dues au secteur manufacturier, à la production/approvisionnement en énergie, au transport et à la construction (GIEC, 4ème rapport d’évaluation, 2007). Le risque de pertes d’emplois est donc important, si l’on veut prendre en compte sérieusement les recommandations du GIEC (25 à 40% de baisse d’émissions de GES par rapport à 1990, d’ici 2020).

La sortie du mutisme s’explique, elle, en grande partie par la mise en avant récente, du concept d’emploi vert. Qu’est-ce à dire ? Il en existe plusieurs définitions. Le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’environnement) le définit ainsi : « emplois dans l’agriculture, l’industrie, les services et l’administration qui contribuent à la préservation ou au rétablissement de la qualité de l’environnement » (PNUE, emplois verts, 2008, p.5). Le RISE fait sienne la définition de l’OIT (Organisation internationale du travail), plus large : « tous les nouveaux emplois dans un secteur dont l’empreinte écologique est inférieure à la moyenne, qui contribuent à l’amélioration des performances globales, même si ce n’est que d’une façon marginale » (RISE, emplois verts, 2010, p.2).

Deux remarques s’imposent.

Premièrement, à long terme, ce sont tous les emplois qui sont appelés à se verdir.
Deuxièmement, comme le propose P. Defeyt, il semblerait judicieux d’élargir la notion d’emploi vert, à celle d’emploi durable. En effet, s’il s’agit de soumettre un nouveau secteur aux griffes du capitalisme (regardons ce qu’il se passe dans les entreprises de recyclage ou les sociétés de commercialisation d’éoliennes !!), on ne sauvera ni la planète, ni l’humanité de l’exploitation. D’où l’idée de créer de véritables emplois durables, non délocalisables, respectant la nature, et permettant aux gens de s’épanouir…

Il faut aussi noter que la Belgique, une fois de plus, est à la traîne. L’alliance emploi-environnement fonctionne en Allemagne depuis 2001. Mais le gouvernement wallon vient enfin de sceller sa première alliance de ce type… le 6 juin dernier !! Elle porte sur le secteur de la construction et d’ambitieux objectifs se dessinent dont l’éco-rénovation des bâtiments en location pour 2011, ou encore l’obligation pour les nouvelles constructions, à partir de 2014, de respecter les normes « basse énergie », puis, en 2017, les normes « maison passive », encore plus strictes !!

Saluons une politique économique intelligente et espérons que tout cela sera suivi dans les faits. D’autres alliances se discutent actuellement au gouvernement. Plus d’infos prochainement …

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