Encadrer l’implantation éolienne : est-il vraiment trop tard ?

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8 éoliennes à Villers-la Ville, 6 à Sombreffe, 6 à Villers-le-Bouillet,… et bientôt 11 à Estinnes, 11 à Mettet, 6 à Yvoir, 11 à Cerfontaine,… L’éolien a toujours le vent en poupe … pour notre plus grand bonheur ! Il s’agit en effet d’un mode de production d’électricité qui, couplé à une politique de maîtrise des consommations, apporte une réponse extrêmement positive aux enjeux liés à l’énergie. Il n’engendre aucune des conséquences négatives résultant de l’usage d’énergies fossiles ou fissiles : épuisement des ressources, changements climatiques, déchets, guerres…

Pourtant, beaucoup de projets éoliens se heurtent encore à l’hostilité de la population locale. La presse se fait régulièrement l’écho d’importantes mobilisations de citoyens contre des projets. C’est que ces moulins à vent ont un impact paysager non négligeable… Or, à l’heure actuelle, malgré les promesses de la déclaration politique régionale qui nous annonçait un « plan régional d’implantation destiné au développement des énergies renouvelables, notamment éoliennes… », il n’existe toujours aucune stratégie d’implantation éolienne en Wallonie. « Il est trop tard », entend-on du côté du cabinet du Ministre Wallon de l’énergie et du développement territorial… Et les projets prolifèrent au gré des opportunités. Ce développement insuffisamment encadré pose question. En effet, la multiplication de petits projets, parfois peu éloignés les uns des autres, modèle les paysages à grande échelle, sans aucune vision d’ensemble. Par ailleurs, on autorise sans doute aujourd’hui des projets qui impliqueront demain le refus d’autres, peut-être pourtant plus rentables et mieux situés… Il est dès lors urgent de se doter d’outils de référence adaptés.
Les pouvoirs publics doivent en effet orienter l’implantation des projets privés, dans l’intérêt de la collectivité. Il existe aujourd’hui une cartographie du champ de contraintes paysagères et environnementales comme base de détermination des zones d’exclusion à la transcription au plan de secteur de la politique des éoliennes à l’échelle de l’ensemble du territoire wallon. Si cette cartographie réalisée par les Facultés universitaires des sciences agronomiques de Gembloux sous la direction du Professeur Claude FELTZ, ne manque pas d’intérêt, elle ne suffit malheureusement pas à encadrer le développement éolien en Wallonie.

Au delà de cette première cartographie, il serait très utile de définir des zones favorables pour l’implantation d’éoliennes. Dans ces zones, une politique foncière volontariste (expropriation, droit de préemption, péréquation, captation de la plus-value,…) pourrait être menée afin de permettre la réalisation des projets (éviter le gel des terrains), de pouvoir sélectionner les « meilleurs » projets (paysage, participation citoyenne,…) et d’éviter la spéculation. Une planification en amont du développement éolien permettrait également d’apaiser les tensions parfois très vives au niveau local. Ce climat de méfiance et d’hostilité paralyse certains projets et fait perdre ainsi du temps, de l’énergie et de l’argent, tant à l’investisseur, qu’aux habitant ou aux pouvoirs publics. La planification n’évacuerait certes pas tout conflit mais susciterait un débat en amont, intégrant une réflexion à une échelle supra locale à partir d’enjeux plus globaux. Elle constituerait à ce titre un bon outil d’éducation permanente.

Alors, à quand une stratégie d’implantation permettant d’optimiser le potentiel éolien de notre région ?

Canopea