Eoliennes : première consultation populaire en Wallonie à Fauvillers

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Dimanche 27 février, une commune a permis à sa population, pour la première fois en Wallonie, de se prononcer sur le développement d’un parc éolien sur son territoire. Une expérience appelée à faire tache d’huile ? Difficile à dire en l’état.

On le sait, la démocratie directe peine à trouver une place dans nos m½urs politiques. Depuis 1995, la nouvelle loi communale autorise pourtant l’organisation de consultations populaires. Mais l’outil ne fait pas la pratique.
Beaucoup de communes demeurent extrêmement prudentes sur le recours à cette forme de participation. La perspective d’un contre-pouvoir auréolé du soutien populaire a en effet de quoi inquiéter toute majorité jusqu’aux plus unies. L’outil est donc peu promu, peu connu et de facto peu utilisé. Depuis son introduction dans le droit wallon, il n’a ainsi pas servi plus de 10 fois.

Grâce au retentissement médiatique de quelques consultations populaires récentes – dont celle relative à l’opportunité pour Liège de briguer le titre de capitale européenne de la culture en 2015 – l’outil semble à présent davantage sortir de son anonymat.

C’est à lui que la commune de Fauvillers en province de Luxembourg a décidé ce dimanche 27 février d’avoir recours pour sonder sa population sur un thème sensible : l’opportunité ou non d’implanter un parc éolien sur son territoire. La participation a été importante : 48% de la population et la victoire, nette, est revenue aux opposants à ce parc éolien par 490 voix contre 332.
La population devait se prononcer sur un projet de 6 mâts d’une hauteur de 150 mètres sur un plateau entre les villages de Strainchamps, Bodange et Warnach. Durant son élaboration, le projet avait, chose courante en la matière, fortement divisé la commune… et son Collège au sein duquel l’échevin de l’Environnement, Edmond Troisfontaine, convaincu de la nécessité de développer l’éolien, s’était opposé à la bourgmestre Bernadette Moinet.

Commentant les résultats du scrutin, Edmond Troisfontaine ne pouvait masquer une certaine amertume : « il est bien entendu que je ne peux nier une certaine déception, mais il faut toutefois la relativiser, car en fait, ce projet de parc n’est pas le mien, je n’en suis ni le créateur, ni l’instigateur, mais vu qu’il était présent, il fallait se positionner. […] Le fait de la consultation populaire est en soi un objectif atteint, en ce sens qu’il a permis une sensibilisation de la population. Si la majorité des citoyens a dit «non», c’est que ces personnes ont des valeurs qu’ils jugent plus importantes et contraires aux enjeux qui me motivent, ce qui est d’ailleurs leur droit le plus strict » (L’Avenir, Jean-Claude Fonck, 28 février 2011).

La valeur de cette consultation demeure, pour le reste,, et comme toute consultation populaire, celle d’un avis simple. Il se pourrait donc que les fonctionnaires technique et délégué, autorités compétentes en l’espèce, considèrent le projet éolien pertinent, et que, de ce fait, lui octroient un permis unique. Preuve s’il en est que la démocratie directe reste en Wallonie à la fois frileuse et balbutiante.

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Prise de vue à partir de la N4, au sud du projet, à la limite communale entre Fauvillers et Martelange

L’on peut, sur le fond, regretter le relatif conservatisme de la population qui c’est exprimée via cet outil de démocration directe.

On peut en effet déplorer qu’un projet éolien d’assez bonne facture suscite localement un si grand scepticisme. Si un quasi-consensus s’est fait ces dernières années dans la population pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et développer les énergies renouvelables, force est de constater qu’on a du mal à intégrer cette réalité quand elle en vient à modifier paysagèrement les vues de nos jardins et les abords de nos villages.

Le projet éolien de Fauvillers ne pose en effet pas vraiment de problèmes environnementaux. Certaines de ses éoliennes devraient en outre être équipées d’un système d’arrêt adéquat pour les périodes propices aux chauves-souris. Dans un contexte objectivement favorable et au vu des précautions prises, il est clair que continuer à refuser des éoliennes chez soi, relève d’une attitude nymbiste de plus en plus schizophrénique : nous voulons plus d’énergie renouvelable, mais nous ne la voulons pas chez nous… Est-ce tenable à terme ?