Eoliennes : vent de polémiques – Les réponses du Réseau « Sortir du nucléaire »

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Les articles et reportages fleurissent ces temps-ci sur la question des éoliennes, accusées de tous les maux. Etudions quelques-uns des « arguments » avancés par les anti-éoliens… qui sont souvent des pronucléaires mal déguisés.

Eolien « industriel » ?

Les opposants aux éoliennes utilisent systématiquement l’expression « éolien industriel », de façon péjorative, comme s’il existait un « éolien artisanal » qui, lui, serait acceptable. Il faudrait donc que les énergies renouvelables soient produites par des machines bricolées au fond de nos garages ? A ce compte, les énergies polluantes (nucléaire, pétrole, gaz, charbon) ont de beaux jours devant elles ! Notons d’ailleurs que les leaders des anti-éoliens ne sont opposés à l’industrie que lorsque elle est éolienne : Gérondeau fait partie du lobby de l’industrie automobile, Giscard et Boiteux du lobby de l’industrie nucléaire. (Cf plus bas)
Certes, les éoliennes ne doivent pas être installées en dépit du bon sens (voir ci-dessous), mais il est nécessaire que les énergies renouvelables soient développées par des industries performantes, écologiques, citoyennes.

Eolien au service des promoteurs ?

Le Réseau « Sortir du nucléaire » a formalisé depuis 2004 ses positions à travers une campagne intitulée « Pour un vrai service public de l’électricité sans nucléaire« , qui critique fermement la dérive libérale d’EDF et revendique « l’accès à l’énergie et la qualité des services pour tous, un système tarifaire progressif avec une consommation de base à prix modique, (…) vivre mieux, dépenser moins, réduire la pollution et améliorer les conditions de vie du plus grand nombre grâce à la maîtrise de l’énergie ». Ces positions sont incompatibles avec la recherche du profit au détriment des citoyens et de l’environnement.
Parmi les installateurs d’éoliennes en France, on trouve EDF, Areva, Total : les plus grands pollueurs. Il est donc nécessaire que les énergies renouvelables, et donc les éoliennes, soient développées par un vrai Service public de l’énergie, au service des usagers et de l’environnement.

Installer des éoliennes « entre les réacteurs nucléaires » est absurde

Développer les énergies renouvelables n’a de sens que si l’objectif final est de faire disparaître les industries polluantes. Cela passe par une vraie politique de maîtrise de l’énergie, par une réduction globale de la consommation (marquée par des gaspillages gigantesques). Hélas, la politique énergétique du gouvernement, d’EDF, Areva ou Total, consiste à ajouter quelques éoliennes… tout en continuant à développer les énergies polluantes (nucléaire, énergies fossiles), et à promouvoir la consommation au nom d’une politique de croissance qui a fait la preuve de son ineptie sur la plan environnemental mais aussi social. C’est absurde.

Halte à la « tyrannie du CO2 »

Selon les pronucléaires, un seul critère sert à évaluer la pertinence d’une énergie : les émissions de CO2. Cela favorise bien sûr le nucléaire, qui en émet relativement peu (c’est d’ailleurs de moins en moins vrai car les opérations d’extraction de l’uranium émettent des quantités grandissantes de CO2). Mais il n’y a aucune raison de se plier à ce diktat : une énergie doit être évaluée sur un ensemble de critères : risques de catastrophe, rejets dans l’environnement, production de déchets (radioactifs ou autres), créations d’emplois, décentralisation, démocratie. Ce qui est certain, c’est que l’éolien est une énergie propre et renouvelable, et que le nucléaire est une énergie polluante et non renouvelable.

Quand le vent arrête le nucléaire et le charbon…

Alors que les éoliennes ne produisent pas de CO2, elles sont accusées d’en dégager… indirectement : l’intermittence de la production éolienne entraînerait la mise en service de centrales thermiques (gaz, charbon) pour ajuster la production. La réalité est exactement inverse : quand il y a du vent, on peut stopper des centrales polluantes, thermiques ou nucléaires. A condition bien sûr qu’il y ait assez d’éoliennes (voir plus loin les données sur la production éolienne, indûment accusée d’être négligeable). Les anti-éoliens citent souvent le Danemark et l’Allemagne, champions des éoliennes mais aussi forts émetteurs de co2. Mais ces émissions existaient avant le développement des éoliennes qui, justement, permettent de diminuer les pollutions (co2, déchets radioactifs)

Intermittence et prévisions

Il est rarissime que le vent soit absent partout : si des parcs éoliens sont judicieusement répartis sur le territoire d’un pays, il y a toujours des éoliennes qui fonctionnent. Par ailleurs, les prévisions météo concernant les vents sont très précises, il est donc facile de prévoir la production éolienne… et les besoins de production des autres filières.

Couplage des éoliennes avec les autres énergies renouvelables

La production éolienne est certes intermittente, mais elle peut parfaitement être couplée à d’autres productions renouvelables (hydroélectricité en particulier). Il est donc parfaitement faux de prétendre que les éoliennes impliquent l’utilisation de centrales thermiques. D’ailleurs, à terme, il ne restera que les énergies renouvelables…

Il est possible de stocker l’énergie éolienne

Non, rassurez-vous, il ne s’agit pas de faire des « réserves de vent » ! Le problème de l’intermittence de la production est en voie d’être réglé grâce à des systèmes de stockage de l’énergie (bien lire de l’énergie et non de l’électricité) – par exemple la compression de l’air ou le stockage d’eau en hauteur – qui permettent de produire ensuite de l’électricité lorsque le vent manque. Seuls ceux qui ne croient pas au Progrès – en particulier ceux qui soutiennent le nucléaire, énergie archaïque – sont sceptiques sur la mise en ½uvre de ces techniques « anti-intermittence ».

Canicule, vent, centrales nucléaires, et panneaux solaires

Les pronucléaires rappellent que, pendant la canicule 2003, il y a eu fort peu de vent et que beaucoup d’éoliennes sont restées à l’arrêt. Certes, mais il a aussi fallu arrêter de nombreux réacteurs nucléaires, devenus impossibles à refroidir. Par contre, il est certain que l’énergie solaire ferait merveille pendant une canicule… à condition d’investir dans cette énergie, bien sûr. Les énergies renouvelables sont propres et complémentaires.

C’est le nucléaire qui est couplé à des centrales thermiques

Nous l’avons vu, il est injustement reproché aux éoliennes d’être responsables de certaines émissions de CO2, et dans le même temps le nucléaire est montré en exemple. En réalité, c’est le nucléaire, du fait du manque de souplesse de sa production, qui doit être couplé en continu à des centrales thermiques qui couvrent les pointes de consommation. C’est donc bien le nucléaire qui est responsable d’importantes émissions de CO2.

La production éolienne est désormais massive

Au niveau mondial, ce sont désormais 100 000 MW éoliens qui sont installés, soit l’équivalent de 100 réacteurs nucléaires. En considérant qu’une éolienne fonctionne en moyenne 30% du temps, cela fait l’équivalent de la production d’une trentaine de réacteurs nucléaires. Ces chiffres sont en augmentation exponentielle : l’éolien est en passe de devenir une énergie de masse. (A noter : un réacteur nucléaire est tout de même arrêté environ 20% du temps, et beaucoup plus en cas d’incident). En Espagne, les éoliennes couvrent par moment plus de 40% de la consommation d’électricité du pays (cf AFP 24 novembre 2008)

Il ne s’agit pas de « remplacer les centrales nucléaires par des éoliennes »

Pour tenter de décrédibiliser les énergies renouvelables, les pronucléaires calculent le nombre d’éoliennes qu’il faudrait pour remplacer les réacteurs nucléaires. C’est absurde : la première chose à faire est de réduire la consommation d’énergie et d’éliminer les immenses gaspillages… dont EDF est d’ailleurs en grande partie responsable : pour « justifier » le nucléaire, la surconsommation d’électricité est un véritable sport national !

L’éolien à quel prix ?

On trouve ici où là des dossiers qui prétendent que l’éolien pourrait coûter à la France 3 à 5 milliards d’euros par an. Or, vrai ou faux, ce chiffre est négligeable : la France a importé en 2008 pour 60 milliards d’euros de pétrole et gaz. Cette facture augmente d’ailleurs chaque année. De plus, le démantèlement des installations nucléaires et la gestion (impossible) des déchets radioactifs vont coûter des centaines de milliards d’euros. Qui peut croire que c’est l’énergie éolienne, alors que le vent nous est fourni gratuitement, qui va nous ruiner ?

Il restera toujours du vent…

Les énergies renouvelables ont pour avantage d’êtres propres, complémentaire, et surtout inépuisables : même s’il souffle de façon irrégulière, il y aura toujours du vent. On ne peut pas en dire autant des énergies fossiles et du nucléaire dont le combustible, l’uranium, sera épuisé dans quelques décennies.

Eoliennes : impact minime sur les oiseaux

Les études européennes (dont l’étude de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage) font état d’une moyenne de 0,4 à 1,3 oiseau tué par éolienne et par an, un chiffre très faible par rapport aux dommages causés par la circulation routière, les pylônes électriques, les lignes à haute tension ou encore les baies vitrées. (Cf AFP – 7 décembre 2004). Par ailleurs, les chasseurs tuent chaque années plusieurs millions d’oiseaux.

Le nucléaire défigure les paysages bien plus que les éoliennes

Pylônes haute tension
Pylônes haute tension
Ligne à haute tension dans les Pyrénées
Ligne à haute tension dans les Pyrénées

Il y a en France environ 1500 éoliennes (et 30 000 en Allemagne). C’est fort peu comparé aux 200 000 grands pylônes électriques – et aux lignes qu’ils portent – qui défigurent la France de part en part. C’est le nucléaire, du fait de l’extrême centralisation de sa production, qui est la cause du si grand nombre de pylônes, car il faut acheminer l’électricité sur des centaines de kilomètres.

Pour les touristes, les éoliennes valorisent la région

Un sondage CSA commandé en par la région Languedoc-Roussillon a montré que 92% des touristes, interrogés sur 25 sites en pleine période touristique, considèrent l’utilisation des éoliennes comme « une bonne chose ». Seulement 16% estiment qu’elles « dégradent le paysage dans lequel elles sont implantées ». Mieux : les touristes interrogés dans des sites où existent des éoliennes ou qui en ont vu sont nettement plus favorables aux éoliennes que ceux qui n’en ont pas vu.

L’énergie éolienne est contrôlable par les citoyens

Le nucléaire est marqué par l’opacité et la centralisation, les citoyens en sont maintenus à l’écart par de hautes clôtures, des vigiles, des gendarmes. Au contraire, l’éolien est décentralisé, accessible (vous pouvez entrer dans un parc éolien, pas dans une centrale nucléaire) et facilement contrôlable.

Qui est Christian Gérondeau ?

Auteur de Écologie, la grande arnaque, grand pourfendeur d’éoliennes, souvent invité à la télévision et cité dans d’innombrables articles, M. Gérondeau n’est autre que le président de la Fédération française des automobiles clubs. Il n’est donc pas spécialiste de l’environnement mais au contraire… de la pollution. Et pourtant, il a bénéficié d’une incroyable couverture de presse pour dénoncer le « péril éolien ». On comprend que le puissant lobby de l’automobile veuille détourner l’attention de ses pollutions, bien réelles. Mais il est curieux que des médias se prêtent à cette opération de désinformation.

Giscard et Boiteux

Giscard d’Estaing (élu Président de la République… en 1974) et Marcel Boiteux (nommé Président d’EDF… en 1967) sont les « leaders » des anti-éoliens. Cela démontre à souhait qu’il s’agit d’un combat d’arrière garde ! Il est d’ailleurs assez « amusant » de voir ces personnages, qui ont mobilisé des armées entières de CRS et Gendarmes mobiles pour imposer le nucléaire, revendiquer aujourd’hui concertation et transparence pour le développement des éoliennes. Ils vont même jusqu’à agiter un supposé problème avec… le démantèlement des éoliennes (!), alors que c’est avec leurs centrales nucléaire que ce problème est crucial et même dramatique.

Qu’est-ce que la Fédération environnement durable ?

Sous une dénomination qui laisse croire à une association environnementaliste, cette organisation n’est autre que le regroupement des anti-éoliens. Sur le site web associé, on constate rapidement que, finalement, la « solution » proposée par ces gens est de continuer à investir dans le nucléaire…

La mobilisation « anti-éolienne » est infime

Les anti-éoliens ont organisé les 6 octobre 2007 et 4 octobre 2008 deux « manifestations nationales » à Paris, tout aussi squelettiques l’une que l’autre, bien que puissamment annoncées à l’avance par de nombreux médias. Sur le site du « Collectif du 6 octobre », il est question d’ « un millier de manifestants ». Au vu des photos, on peut au mieux en accorder quelques centaines. La mobilisation anti-éolienne bénéficie donc d’une couverture de presse inversement proportionnelle à son importance. Elle est infime, surtout comparée aux manifestations antinucléaires (60 000 personnes le 17 mars 2007).

Canopea