Je suis un gaucho collabo ! (C’est le Monsieur qui l’a dit…)

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Tout a commencé par le message d’une « amie virtuelle » invitant à ne pas laisser les « haineux » phagocyter le forum ouvert sous un article de « La Libre Belgique » titré tout en nuance « Ces étrangers qui coûtent « trop cher » au système social belge »[[La Libre Belgique du vendredi 7 mars 2013]]. Une incursion dans l’agora électronique me confirma que les bas du Front y étaient effectivement de sortie avec leurs refrains traditionnels : « On n’est déjà plus chez nous. »« Nos pauvres d’abord ! »« Des réfugiés ? Non, des profiteurs venus abuser de notre générosité. » enrichis d’un hymne à Maggie De Block : « Si elle était wallonne, je voterais pour elle ! »« Il nous en faudrait plus de comme elles, on ne serait pas où on en est ! ».

Déjà dans la place, mon « amie » venait de poster le message suivant :
« Eh oui, non seulement cette femme mène une politique basée sur les réflexes de la peur (et de l’ignorance) des étrangers, une tactique bien connue en temps de crise, mais qui plus est, sa politique coûte cher… Et pour les étrangers expulsés vers des pays en guerre, comme l’Afghanistan, cela leur coûte parfois la vie.
L’article serait encore plus intéressant s’il pouvait chiffrer ce que coûtent les centres fermés, ces centres de détentions qui servent d’antichambre aux expulsions vers les pays hors-UE :

 le 127bis à Steenokkerzeel (120 places, environ 2.000 personnes par )

 Bruges (CIB) (112 places – environ 750 personnes par an)

 Merksplas (CIM) (146 places – environ 1.050 personnes par an)

 Vottem (CIV) (160 places – environ 930 personnes par an)
A Steenokkerzeel, il existe également la Caricole, centre pour les demandeurs d’asile ayant introduit leur demande d’asile à la frontière, en attente d’une décision. On y trouve également des familles avec enfants…
Enfin, il serait intéressant de faire une estimation de ce que nous coûtent des exilés fiscaux (en impôts qu’ils éludent dans notre système fiscal très favorable aux très riches, qu’importe la couleur de leur argent), comme le populaire Gérard Depardieu, déclaré citoyen d’honneur par le bourgmestre (PS) de Néchin, ou pire, le mafieux kazakh Patokh Chodiev, qui n’a même pas eu besoin de se fatiguer pour sa demande de naturalisation, appuyée par le bourgmestre (MR) de Waterloo, voisin de ce peu recommandable personnage…
Et tandis qu’on accepte à bras ouverts ce genre de « réfugiés », voici un exemple de ce que donne la politique de Maggie De Block sur le plan humain :
« Pathé est arrivée en 2008 au Centre Fedasil de Florennes. Elle avait 17 ans et un bébé de 2 ans, Aguibou. Elle fuyait sont pays, la Guinée, et un vieillard auquel on l’avait mariée de force et qui la battait… Elle et son enfant ont grandi à Florennes. Aguibou est allé à l’école maternelle et primaire de l’Athénée. Il est aujourd’hui en 3ème primaire en immersion anglais. C’est un très bon élève. Si elle rentre dans son pays, son ex-mari reprendra son enfant pour le donner à une autre femme. C’est la loi là-bas. Les femmes n’ont aucun droit. » (Extrait de la pétition lancée par des parents d’élèves de la casse d’Aguibou)
Ici, une femme nommée Maggie, à la recherche de voix pour les prochaines élections, a malheureusement beaucoup de droits… Voilà ce qu’en pensent les gens de Florennes pour qui la politique de Maggie De Block est devenue une réalité, et non plus des chiffres que cette personne aligne comme un « bilan de santé» de sa propre politique.
http://www.canalc.be/une-marche-pour-aguibou-et-sa-maman/
Il n’y a pas de quoi se vanter ! »

Son post pourtant argumenté et de bon ton lui ayant valu un tacle appuyé – « Clichés, raccourcis excessifs, larmoyants… Vous êtes du PTB ou quelque chose d’approchant ? » – je décidai de venir à sa rescousse en plaçant un contre : « Cliché, raccourci expéditif, arrogant… Vous êtes du PP ou quelque chose d’approchant ? »

Ce fut là le début d’un échange qui se poursuivit pendant deux jours, un ping-pong épistolaire désespérant qui me démontra l’incapacité de débattre d’enjeux dont certains ont fait des totems idéologiques. Je n’avais pas affaire à un de ces extrémistes obtus qui me décochaient en parallèle leurs formules lapidaires – « Puisque vous les aimez tant, prenez-en une dizaine chez vous, de petits émigrés (sic) ! » – et pourtant, mes arguments étaient au mieux ignorés, au pire déformés avec une mauvaise foi crasse. Bien sûr, il ne s’agissait là que d’un forum mais le constat se répète lorsqu’on aborde ces sujets en direct : la passion partisane prend le pas sur une raison qui pourrait/devrait être nuancée. On assiste alors à une escalade dans le clivage, la stigmatisation puis l’invective qui ne peuvent qu’inquiéter si l’on considère que cet instinct de rejet est prêt à déborder du cadre dans lequel il est jusqu’ici plus ou moins bien confiné pour s’exprimer ailleurs et autrement, le bulletin de vote étant in fine la moins grave des hypothèses.

Voici donc comment, au fil des échanges, mon statut de « gaucho » – plutôt bien assumé – s’est complété de celui nettement moins recevable de « collabo »

LUI : J’aimerais que vous mettiez en avant mes propos « clichés », « arrogants » et « expéditifs »… S’il y a une personne que j’expédierais quelque part, c’est vous. Pour que vous sachiez de quoi vous parlez. Allez voir sur place et voyez QUI organise les exodes et QUI sait payer le prix du voyage. Les VRAIS pauvres n’ont pas les moyens.

MOI : Cher Monsieur, je ne vous ai pas attendu pour « aller voir sur place »… et c’est précisément parce que je connais la réalité de ces pays que je trouve nombre de propos tenus ici insupportables. Mais de deux choses l’une, soit « un homme = un homme » et la solidarité y compris internationale a un sens, soit on accepte qu’il y aie des humains de 1ère, 2ème et 3ème classes – en fonction exclusivement de là où ils ont eu la (mal)chance de naître – et on profite de son privilège en se répétant que, de toute façon, « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde » (ce qui est vrai mais ne justifie ni les propos tenus dans ce forum, ni les politiques de repli sur soi).

LUI : En quoi un SDF est-il différent d’un salarié ordinaire, de base ? Mmmm ?
Pas de différence: juste le regard larmoyant de la bonne dame qui se dit par devers elle « pauvre homme » et qui se saigne de cinq Euros pour acheter sa bonne conscience. Pareil pour le discours « importons les, nous trouverons toujours assez d’argent pour les soigner ». Même le PTB parle d’argent ! (Des autres, bien sûr !)

MOI : Vous avez presque raison: la différence entre le SDF et le salarié de base se réduit de plus en plus puisque, grâce au modèle que vous défendez, il existe aujourd’hui (en France, en Allemagne et la Belgique n’y échappera pas) des hommes et des femmes qui ont un travail mais perçoivent un salaire tellement faible qu’il ne leur permet pas de trouver un logement.
Dans l’opposition des modèles « gauche » VS « droite » que vous défendez, je constate que vous oubliez une valeur fondamentale : la solidarité. Votre modèle implique des « gagnants » et des « perdants » ; vous me semblez assuré d’être toujours au nombre des premiers, je vous souhaite de ne pas vous tromper.

LUI : Votre discours ferait un tabac dans les années 30. Le discours de la droite est NETTEMENT win – win. Je répète pour que cela rentre à travers vos neurones contaminés par « la lutte des classes » : IL FAUT LES AIDER CHEZ EUX. Dans ce cas, nous serons TOUS gagnants.
Je n’ai JAMAIS opposé gauche vs droite. Je déclare haut et fort que le discours de gauche n’est pas raisonnable et je déclare aussi, tout aussi haut et fort, que le discours « lutte des classes » est tout-à-fait ringard. Et, je vous signale que c’est vous qui tuez notre système économique: vous voulez toujours moins cher ? Et bien, je vais produire moins cher, ailleurs. Dans le fond, c’est un bien, non ? Ainsi, le capital est redistribué dans des pays pauvres et vous pouvez acheter une TV 60 » pour presque rien. Puis, quand vous voulez économiser sur les frais de nettoyage et de rénovation, vous ne prenez pas de la main d’œuvre belge mais des Polonais ou des candidats immigrés du « petit château ». Puis, combien coûte une Portugaise pour faire votre ménage ? Et une Polonaise ?
Oui, môsieur, vous êtes tout aussi responsable que ce « grand capital » qui n’a pas de visage. Maintenant, je vais vous dire où le bat blesse et sérieusement: la micro économie vs la macro économie. Il est évident qu’il faut donner du travail aux gens pour qu’ils puissent acheter la TV 60 »… Mais, monsieur l’investisseur veut un retour sur capital. Alors, les producteurs sont enjoints de produire des bénéfices, toujours plus de bénéfices. Alors, ils ferment ici pour ouvrir là-bas…
Eh oui, VOUS êtes complice des investisseurs ! Vous êtes autant fossoyeurs que ceux que vous dénoncez, voyez-vous ? Puis, il y a une autre qui va me tomber dessus pour me dire que je suis à côté de la plaque, que je ne parle pas du problème de fond et gnagnagna… 🙂

MOI : Je ne vois pas en quoi « les aider chez eux » est incompatible avec une politique d’asile humaine…
Par ailleurs, ma vision économique est à l’opposée de celle que vous me prêtez. Je ne considère pas que tout le monde a droit à tout, ce qui justifierait des décentralisations pour produire et vendre à moindre coût. Tout au contraire, je pense que cette vision des choses fait de ceux qui la portent des esclavagistes car il est évident que le « bon marché » se paie cher socialement (et environnementalement) ailleurs. Enfin, je suis de ces derniers crétins qui refusent le travail au noir et – sans préjuger des pratiques des patrons des entreprises que je commandite… – les quelques travaux que suis appelé à déléguer le sont toujours via un système de devis et de factures on ne peut plus officiels. Quant à ma femme de ménage, elle n’est ni sud-américaine, ni africaine, ni polonaise vu que je n’en ai pas! Je confesse néanmoins confier une partie de mon repassage à une entreprise sociale payée par titres-services.
Eh oui, les choses ne sont pas toujours aussi caricaturales que vous le pensez…

LUI : J’ai un excellent ami qui est ingénieur commercial et « monteur d’usines » dans les pays émergents. Alors, arrêtez avec vos discours « exploitation, esclavagiste » et que sais-je. Les vrais exploiteurs sont les cadres locaux qui pressent le personnel pour se faire du chiffre.
Mon monteur d’usine veille à la formation du personnel local, à leur donner un cadre de travail de qualité… Mais, il y a les cadres et les dirigeants locaux qui veulent profiter de la manne. Alors, ils sous traitent… Et c’est là où le bat blesse, voyez-vous, « Mr qui a été sur place et qui sait de quoi il parle ». MDR !

MOI : Votre arrogance est pathétique et je vais donc arrêter un échange de toute manière stérile (« Il n’est de pire sourd… ») après vous avoir demandé un minimum d’honnêteté intellectuelle. Lorsque j’ai évoqué dans un post précédent avoir « été sur place et savoir de quoi je parle », il s’agissait de la situation de réfugiés et j’ai effectivement vu au Soudan, en Ouganda, en Irak, en Syrie, en Azerbaïdjan ce qu’était une misère que vous méprisez profondément.
L’exploitation économique se fait essentiellement ailleurs et je n’ai jamais prétendu y avoir été. Mais que les responsables de cette exploitation soient nos (évidemment vertueuses) entreprises commanditaires ou des sous-traitants locaux ne change rien au problème. Les dits commendataires savent parfaitement qu’ils ne pourraient obtenir les conditions qu’ils ont dans ces pays si des normes sociales et environnementales minimales y étaient d’application. A tout le moins, ils ferment les yeux et cela ne les exonère en rien de leur responsabilité.
Je suis heureux pour vous que vous puisiez être « MDR » sur de tels sujets. Le « moraliste larmoyant » que je suis a plutôt tendance à être révolté. Alors, pour paraphraser un chanteur que vous méprisez sans doute (pour autant que vous le connaissiez) : « Je préfère vivre pauvre avec mon âme que vivre riche avec la vôtre » (Ridan).

LUI : A partir du moment où les propos deviennent insultants, il n’y a plus d’intérêt de dialoguer. Connaissez-vous, au moins, ce que veut dire « arrogance » ? Vous vous disqualifiez vous-même. Inutile de continuer le dialogue dans de telles conditions.
Et, ce qui m’amuse énormément: « je n’ai jamais prétendu avoir été ». Oufty, voilà une argumentation de poids. Ok, ok, ok…
Messieurs et mes dames les gauchos, continuez à mijoter dans votre jus « lutte des classes », je ne souhaite plus dialoguer avec des gens obtus, bornés et conditionnés. J’ai donné des arguments mesurables et personne n’a voulu contre-argumenter dans ce sens…Il faut croire que certaines réalités dérangent car il faut se remettre en question. Allez, salut, restez dans vos arguments et soyez heureux d’être dans « le vrai ». 🙂 MDR !

MOI : Vous êtes décidément pathétique de mauvaise foi, celle-là même que vous prétendez reprocher aux autres. Mais si cela vous permet de vivre en paix avec le monde tel qu’il va, grand bien vous face.

LUI : Avant de vous dire adieu, juste ceci: « pathétique », « de mauvaise foi », « arrogant », ce ne sont pas des arguments, ce sont des insultes. Vous ne changerez pas le monde tant que vous ne saurez pas changer votre regard sur celui-ci.
Je vis heureux avec mon salaire de retraité après avoir travaillé toute ma vie, dans un pays que d’aucuns veulent galvauder et le jeter aux cochons. Je sais ce que coûte mon confort et je tiens à le garder, ne vous en déplaise.
Faudra-il se lever aux barricades ? Je serai là, présent et déterminé. Durant la guerre, j’aurais été résistant. Vous, vous seriez collabo des envahisseurs, à tout le moins. En tout cas, c’est bien ce que vous êtes à l’heure présente.

MOI : « Collabo» !?! Votre mot de la fin est à l’image de l’ensemble de vos contributions et suffit à lui seul à les discréditer… (J’espère que ce n’est pas une insulte!)

Edifiant, non ?

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