La Belgique est « water-stressed » !

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La pression sur les ressources en eau est très forte en Belgique : seuls trois pays européens font « pire » : Chypre, la Bulgarie et l’Espagne . Analyse.

Ce constat d’une Belgique « water-stressed » ressort de l’analyse de l’indicateur de taux d’exploitation publiée en 2009 , indicateur suivi par l’Agence européenne pour l’environnement (EEA). Cet indicateur décrit la pression des prélèvements en eau sur les ressources et identifie les pays dans lesquels l’importance de cette pression peut conduire à des problèmes de manque d’eau. Il se calcule en faisant le rapport entre la moyenne annuelle des prélèvements en eau et la moyenne annuelle de la ressource renouvelable ; il s’exprime en pourcentage. Celui de la Belgique dépasse les 30%, ce qui est conséquent quand on sait que le seuil d’alerte se situe autour des 20%. Parmi les prélèvements figurent tant les volumes destinés à la distribution publique qu’au secteur industriel, à la production d’énergie ou à l’irrigation en agriculture.

Cet indicateur est largement reconnu tant au PNUE qu’à l’OCDE et il existe un consensus international à propos de son utilisation. Son suivi permet d’identifier rapidement les tendances à la hausse ou à la baisse de la pression sur la ressource. Comme tout indicateur, il sert de balise et guide les pays vers une gestion des prélèvements qui soit soutenable.
La ressource en eau, loin de n’être qu’un simple stock d’eau, un jerrycan immense, reflète en détail le fonctionnement de tous les écosystèmes aquatiques. L’enjeu est loin d’être anecdotique. En témoigne le fait que l’objectif de parvenir à des taux d’exploitation de la ressource durables à long terme fait partie du sixième programme d’actions pour l’environnement de l’UE (2001-2010).

La valeur élevée de l’indicateur pour la Belgique est essentiellement liée à un usage spécifique : l’eau de refroidissement des centrales électriques. Usage particulier puisque ces eaux, « non-consommées », sont restituées au milieu. Les volumes en jeu sont toutefois considérables et impactent le calcul de l’indicateur. La Belgique (indice 32,4) n’est cependant pas la seule à refroidir ses centrales : l’Allemagne (indice 21,9) et l’Angleterre (20,2) le font également.

Depuis 2000, en Wallonie, on constate une diminution des quantités prélevées pour le refroidissement grâce notamment à l’utilisation de techniques alternatives ou de circuits fermés. La fermeture de certaines entreprises a également contribué à la baisse de la pression. 30% de réduction sont déjà acquis et confirmés dans le dernier Tableau de bord de l’environnement. Ce rapport entame son chapitre consacré à l’analyse des prélèvements en eau par un constat proche de celui de l’indicateur du taux d’exploitation de l’EEA : « En Europe, la Wallonie fait partie des régions qui exploitent intensivement leurs ressources en eau. »
Un coup d’½il du côté des nappes nous apprend que les taux d’exploitation de 4 de nos 8 grands aquifères dépassent 80%. Il existe donc un doute sur le fait que ces nappes puissent satisfaire aux critères relatifs au bon état quantitatif à l’horizon 2015 (un des objectifs de la DCE[[Directive cadre eau 60/2000/CE pour les eaux souterraines]]).
Les pluies fréquentes ne nous ont certes pas incité à la parcimonie en matière de ressources en eau. Mais, autre constat, les réseaux de distribution ont un rendement d’à peine 68% notamment en raison de fuites importantes. Et il est difficile de contester que le gaspillage a longtemps prévalu en tout lieu. Il est même certains experts qui parlent de la possibilité d’exploiter encore plus les ressources.
L’indicateur lui, dit le contraire : il faut diminuer notre impact sur les ressources et revenir à un taux soutenable d’exploitation !