La Fédération soutient la grève des cheminots

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Le mouvement de grève lancé ce jeudi par les cheminots inquiets par la restructuration annoncée de B-Cargo dépasse largement le cadre des revendications sociales. L’avenir de cette branche de la SNCB est en effet lourd d’enjeux financiers et environnementaux. Derrière les choix industriels qui seront posés se cache une véritable option sociétale. C’est la raison pour laquelle la Fédération Inter-Environement Wallonie soutient l’action des cheminots.

Avec des crises climatique et énergétique imposant une réorientation des pratiques de transport vers les modes les moins polluants, le contexte apparaît particulièrement propice au secteur ferroviaire. Pourtant, les affaires de B-Cargo, division « Fret » de la SA de droit public SNCB, ne sont guère florissantes : perte de 120 millions d’euros en 2008 et prévision d’un déficit supérieur encore pour 2009…

Les remèdes prescrits par la direction de B-Cargo (nouveau plan industriel, filialisation ouvrant la voie à la privatisation…) sont lourds de conséquences en termes sociaux, budgétaires et environnementaux. Les enjeux dépassent largement le cadre de B-Cargo et les cheminots l’ont compris qui, avec « l’outil de dernier recours » que constitue la grève, tentent de porter le débat sur la place publique.

Les facteurs exogènes des difficultés de B-Cargo sont relativement bien cernés : ralentissement économique et cadre concurrentiel de plus en plus difficile, tant en ce qui concerne les modes de transport alternatifs (principalement la route) que les autres opérateurs ferroviaires.

C’est principalement sur les activités les plus rentables (trafic international, trains complets) que B-Cargo perd des parts de marché. En soulignant la nécessité de « laisser agir le marché », l’entreprise a clairement affiché sa volonté de concentrer ses forces sur ce créneau lucratif pour y (re)conquérir une place de choix. Le problème est que ce recentrage de l’activité (et donc des moyens…) s’accompagnera inévitablement d’une forte diminution des parts de marché ferroviaire dans le trafic diffus (convois regroupant plusieurs origines-destinations pour desservir des entreprises locales et régionales) alors que le contexte environnemental requiert au contraire un investissement de ce segment.

Dans les conditions actuelles, ne pas abandonner le fret ferroviaire, c’est imaginer et mettre en place les conditions de son succès et le subsidier pour lui permettre d’y arriver. Cela nécessite une attitude pro-active ne négligeant aucun champ de l’action publique. Ce discours peut apparaître politiquement incorrect à l’ère du « tout au marché » mais il est simplement responsable au regard des enjeux sociétaux et environnementaux de ce dossier. C’est la raison pour laquelle la Fédération Inter-Environnement Wallonie soutient la grève de ce jeudi.

Canopea