La relance économique par la transition énergétique

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Le coût économique et social. Voici l’argument toujours mis en avant par les personnes réfractaires à un plan de transition énergétique. Les objectifs ambitieux en matière d’énergies renouvelables ou encore d’efficacité énergétique sont immédiatement amputés par ceux qui ne veulent pas conduire l’Europe vers un avenir bas carbone. Ce calcul court-termiste ignore les contraintes auxquelles l’économie européenne doit faire face et ne voit pas ou ne veut pas voir l’opportunité formidable que représentent les énergies renouvelables ou les économies d’énergie. En effet, une transition énergétique ambitieuse peut être l’alliée de circonstance d’une relance économique.

L’économie européenne dépend d’intérêts étrangers. Gaz, pétrole, charbon ou encore uranium, toutes ces sources d’énergie sont majoritairement importées. En 10 ans, la dépendance énergétique du vieux continent s’est acrue, passant de 45% d’énergie importée en 1999 à 54% en 2009. En réalité, ces chiffres sont sous-évalués. Historiquement, et selon un vieux réflexe euro-centré, l’uranium provenant de l’étranger est considéré comme produit en Europe car sans la technologie il ne vaut rien[[Alternatives économiques, « Europe : l’urgence énergétique », n°313, mai 2012.]]. Cette augmentation de la dépendance est due à la diminution de la production européenne qui n’a pas été compensée par la baisse de la consommation enregistrée depuis 2006. Cette subordination pose évidemment un problème du point de vue économique. Ainsi, en 1999, les Vingt-sept avaient importé pour 84 milliards d’euros en pétrole, gaz ou charbon, soit 1% du PIB. Mais en 10 ans, le montant de ces importations a flambé pour représenter 488 milliards d’euros (près de 4% du PIB). Au-delà de l’aspect purement financier, les principaux fournisseurs de l’UE, Russie, Iran, Lybie, Qatar, Nigeria, pour n’en citer que quelques uns, ne sont pas des États reconnus pour être des modèles en matière de démocratie ou encore de lutte acharnée contre les changements climatiques…

economiemoyen-3.jpgSi cette énergie était bon marché, nous pourrions comprendre les raisons économiques qui poussent les entreprises européennes à ne pas modifier leurs comportements mais il n’en est rien. Depuis 1996, le prix de l’énergie dans l’Union a plus que doublé, grevant ainsi la compétitivité des industries européennes. Cette envolée des prix ne devrait pas être transitoire. En effet, le phénomène d’épuisement des ressources fossiles couplé à la hausse de la demande, principalement due aux pays émergents, devrait renforcer cette tendance haussière. Le coût des énergies fossiles pénalise donc l’économie européenne. La transition durable du parc de production énergétique et des industries permettra donc de diminuer à terme les coûts énergétiques.

De nombreuses études ont montré qu’il était possible pour l’Europe de se passer pour tout ou en partie des énergies fossiles. La Commission, elle montre que l’Union peut diminuer ses émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 79 à 82% en 2050. Pour atteindre cet objectif, la elle évalue les investissements nécessaires à 270 milliards d’euros. Chiffre qui au premier abord peut sembler important, mais une fois ramené au 488 milliards dépensés en 2009 pour les énergies fossiles, il prend un tout autre sens. Il est intéressant de remarquer également que ce montant ne ferait que ramener les dépenses au niveau d’investissements d’avant la crise de 2009.

Dans son scénario Energy [R]evolution, Greenpeace a évalué le potentiel d’énergies renouvelables pour 2050 à 92%, sous la condition que la demande en énergie diminue de 40%. Malheureusement ce dernier élément est un point d’achoppement plus important encore que les objectifs d’énergies renouvelables. Les industriels tout comme certains États membres freinent le projet d’une directive européenne qui vise à imposer un objectif de réduction de la consommation d’énergie primaire de 20% d’ici 2020. En effet, toutes les études montrent que l’UE ne pourra atteindre ses objectifs climatiques que si elle fait un effort de réduction de sa demande en énergie.

Malheureusement la vision court-termiste de nombreux dirigeants européens, influencés par des intérêts particuliers, met en péril la réussite d’un scénario équilibré de transition énergétique pourtant économiquement opportun.

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