La Wallonie malade de ses eaux de baignade

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Comme chaque année à même époque, la Commission européenne a rendu public aujourd’hui son rapport sur la qualité des eaux de baignade au sein des Etats de l’Union. Et comme chaque année, la Wallonie fait figure de cancre avec près de la moitié de ses zones de baignade officielles considérées comme « non conformes ».
Pour la Fédération Inter-Environnement Wallonie, cette constance dans la médiocrité est inacceptable. Il est grand temps que le gouvernement wallon sorte de sa passivité et fasse de la question de l’eau une priorité absolue.

Les chiffres publiés dans le rapport de la Commission européenne sont tristement éloquents : en 2010, sur les 36 zones de baignade officielles que compte la Wallonie, 5 étaient fermées, la pollution constatée au cours des 5 dernières années ne permettant pas d’y nager ; 10 autres zones furent également déclarées non conformes – sans pour autant être obligées de fermer –, ce qui signifie que 15 sites sur 36 (soit 44%) ne répondaient pas aux normes de l’Union…

Ce résultat déplorable ne constitue toutefois pas une surprise tant il est vrai qu’il se perpétue d’année en année. Et les causes de cette mauvaise qualité des eaux de surface wallonnes sont connues: la Région est en retard tant en matière d’assainissement des eaux usées que de protection de la qualité de l’eau. Quelques exemples parmi d’autres: les berges ne sont pas encore systématiquement clôturées en amont des zones de baignade, ce qui laisse libre accès au bétail; ces berges comportent trop rarement des « bandes tampons » entre les terres agricoles et les cours d’eau ce qui met ceux-ci en contact direct avec les intrants et produits phytosanitaires ; un réseau d’égouttage non séparatif (où eaux usées et eaux pluviales se mêlent) conjugué à des bassins d’orage dans les stations d’épuration insuffisants pour retenir ces eaux en cas de fortes pluies, entraîne leur rejet direct vers les rivières.

Pour la Fédération Inter-Environnement Wallonie, il est plus que temps de s’attaquer sérieusement au problème. Maintes fois tancée par la Commission européenne pour ses retards dans la mise en ½uvre de ses obligations d’épuration et des plans de gestion exigés par la Directive cadre « Eau », la Région ne semble pas mesurer l’importance de l’enjeu. Ainsi, en matière d’assainissement des zones de baignade, le budget régional ne prévoit que 13 millions d’euros d’investissements pour la période 2010-2014 (contre 49 millions entre 2000 et 2009) tandis que l’enquête publique relative aux plans de gestion va de report en report…

Il y a pourtant là bien plus qu’un problème environnemental : une des ressources économiques majeures de la Région, le tourisme, pourrait bien se voir affecté si la situation perdure.