La Wallonie : poubelle aérienne de l’Europe ?

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Suite à la décision du gouvernement allemand d’appliquer une nouvelle taxe sur les billets d’avion, Ryanair pourrait diminuer de 50 % ses activités aéroportuaires chez nos voisins d’Outre-Rhin. Jouant la carte du chantage à la délocalisation, la compagnie low-cost s’apprêterait à s’installer à l’aéroport de Liège. Jusqu’à quand la Wallonie acceptera-t-elle d’être la poubelle aérienne de l’Europe ?

Le 26 avril 2001, l’aéroport de Gosselies devenait la première base « continentale » de Ryanair. Il faut dire qu’à l’époque, aucun autre opérateur n’était intéressé par cet aéroport régional, pensé par les élites wallonnes comme une reconversion possible du secteur métallurgiste en déliquescence. Souhaitant faire de la logistique le vecteur d’un renouveau wallon, les gouvernements successifs n’ont jamais remis en cause les investissements colossaux réalisés dans le développement aéroportuaire. Aides directes et indirectes s’accumulent ainsi pour attirer et conserver sur le sol wallon un opérateur au jeu social et environnemental vicieux.

Car Ryanair, sous l’égide de son président Michael O’Leary, ne se prive pas de faire pression sur les droits sociaux de ses travailleurs. Son départ récent de l’aéroport marseillais suite à une action en justice n’est qu’un exemple parmi d’autres d’une politique sociale particulièrement arriérée. Ryanair annonce ainsi sur son site internet : « Ces emplois ne sont pas français, ce sont plutôt des emplois irlandais sur des avions irlandais, qui sont définis par les règlements de l’UE comme territoire irlandais. (…) Malheureusement, la perte de ces 4 avions, 200 emplois et 13 lignes à Marseille est le prix fort à payer pour démontrer que ces travailleurs sont mobiles irlandais. Cette action légale mal jugée en coûtera donc des pertes d’emplois pour Marseille et la France ».

Alors créer des emplois wallons grâce à l’arrivée de Ryanair à Liège ? Non, créer une occasion de plus pour qu’une société cynique échappe à sa responsabilité sociale et environnementale, en faisant miroiter aux responsables politiques quelques emplois (« irlandais ») qui disparaîtront à la première occasion venue…

En outre, le coût des nombreuses incidences générées par le transport aérien, pollution sonore au niveau local et émissions de gaz à effet de serre au niveau global pour ne citer qu’elles, est aujourd’hui pris en charge par la collectivité, parce que non impacté dans le prix. Frapper les billets d’avions d’une taxe permettrait d’y pallier, mais également de mettre fin à la distorsion de concurrence dont jouit encore le transport aérien par rapport aux autres modes de transport (billets internationaux non soumis à la TVA, kérosène exempté de taxes). A l’heure où les enjeux environnementaux se font de plus en plus criants et où le secteur aérien affiche une vitesse de croisière plutôt croissante, il parait de plus en plus urgent de recourir à des instruments permettant de contrôler la demande aérienne, à l’instar des taxes. A quand une Belgique figurant parmi le club très fermé des pays ayant osé instaurer une fiscalité aérienne digne de ce nom ?

Il est temps qu’une réflexion soit menée en profondeur sur la politique aéroportuaire wallonne. Cessons d’accepter les cacahuètes jetées dédaigneusement par Ryanair, au mépris le plus total des enjeux environnementaux et sociaux !

Canopea