Lancement du projet « Crim-Biodiv »

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Si IEW a déjà une riche expérience de recherche, grâce au travail de ses chargés de mission, elle se lance, pour la première fois, dans un projet entièrement axé sur la recherche avec une méthodologie résolument ancrée dans les sciences sociales

Cette recherche, financée par Belspo, le Service public de programmation de la Politique scientifique fédérale, s’intitule « Crim Biodiv ». Un acronyme en deux parties, chacune porteuse d’un imposant contenu : « le crime » et « la biodiversité ». Ceux-ci font référence aux deux équipes qui portent ce travail interdisciplinaire et, bien sûr, à notre objet d’étude : les atteintes portées à la biodiversité. Elle se déroulera sur 2 années et réunira des chercheurs de sciences de la vie et de sciences humaines.  Ce travail émerge d’un partenariat original associant l’Institut National de Criminalistique et de Criminologie (INCC) et Inter-Environnement Wallonie (IEW).

Le contexte du projet  

La question du déclin généralisé de la biodiversité se voit souvent reléguée au second plan. Ce déclin est d’autant plus alarmant qu’il est associé à une absence de politique criminelle structurée en la matière et à un éclatement des compétences, entravant les avancées nécessaires.

Pourtant, « la biodiversité » se mue parfois en « Cygne noir »1, porteuse de changements qui dépassent toute prévision, à travers des combats localisés notamment. Un sentiment d’impuissance face à une entité globale au bord de l’implosion fait place à une intelligence collective ancrée dans ses territoires. Ces derniers sont délimités par les simples lignes d’un jardin comme par l’appartenance socio-historique d’une région. 

Citoyens, scientifiques, associations environnementales, avocats, juristes, juges, agents de l’administration, chacun fait évoluer les normes sociales qui préservent ou, au contraire, mettent à mal les êtres vivants. C’est un constat qui laisse place à bien des changements, quelle qu’en soit la nature.

Criminologie et écologie : les objectifs du projet

La criminologie, science humaine toute particulière, tend à décrire, comprendre et expliquer les formes de crime qui se développent dans la société. Au niveau de la création des lois, cette discipline s’intéresse à la manière dont un État ou une société décide des comportements qui seront définis comme criminels. Un intérêt particulier est porté aux victimes et aux individus participant à ces délits.2

S’il existe déjà une littérature anglo-saxonne riche en la matière, en Belgique, les réflexions sur les « crimes » n’ont pas encore rejoint pleinement celles sur « la biodiversité ». Ce projet s’inscrit dans le cadre de recherches sur la protection pénale de l’environnement. Il vise à développer une réflexion sur les comportements qui portent atteintes à la biodiversité et sur les réactions sociales qu’ils engendrent.

IEW et INCC axeront leur travail sur l’étude des normes sociales associées à la protection des espèces et des milieux. Certaines se traduisent dans la législation environnementale. A contrario, d’autres normes sociétales émergent et questionnent l’adéquation des outils administratifs et juridiques face aux enjeux de préservation du vivant.

Les atteintes sont multiples et ont potentiellement trait à un large panel de milieux et d’activités humaines. Actuellement, le projet de recherche est dans sa phase exploratoire, pendant laquelle nous rencontrons différents types d’acteurs des secteurs associatif, administratif et judiciaire afin de définir,notamment, la typologie des atteintes auxquelles ils sont confrontés (destruction de milieux/ d’espèces, abattage d’arbres remarquables, actes de braconnage, etc.).

Sur base des résultats obtenus, nous analyserons un petit nombre de cas d’atteintes sélectionnés, prenant place sur le territoire belge, délimitables dans le temps et dans l’espace.

Outre la revue de la littérature, la méthodologie repose principalement sur des entretiens, des rencontres et des observations participantes permettant de récolter des données qualitatives : des récits individuels imbriqués dans des enjeux plus larges. L’analyse de ces données, complètement anonymisées, aura pour but d’étudier :

  • les ressorts et les leviers instaurés par les acteurs impliqués lorsqu’une atteinte est découverte ;
  • les représentations sociales liées à la protection des espèces ;
  • les méthodes mobilisées pour inciter à des changements comportementaux aux fins de protection de la biodiversité.

Conclusion

Basé sur une alliance originale, le projet CRIM-BIODIV initie un dialogue interdisciplinaire en vue d’appréhender les réalités sociales multiples dans lesquelles les questions de conservation prennent place. Cette recherche de connaissances hybrides a pour but de renforcer les outils mobilisables au sein d’une réflexion globale de protection de la biodiversité.

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  1. La théorie du cygne noir développée par le statisticien Nassim Nicholas Taleb, notamment dans son essai Le Cygne noir: la puissance de l’imprévisible, est une théorie selon laquelle on appelle cygne noir un certain événement imprévisible qui a une faible probabilité de se dérouler (appelé « événement rare » en théorie des probabilités) et qui, s’il se réalise, a des conséquences d’une portée considérable et exceptionnelle.
  2. Université de Montréal – Faculté des Arts et des Sciences – Ecole de Criminologie. https://crim.umontreal.ca/notre-ecole/quest-ce-que-la-criminologie/