Le climat ne fait pas l’affaire des voyages d’entreprises

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Ironique tout de même de se dire que, bien que les voyages en jets privés des super riches (et notamment des footballers) soient dénoncés de façon croissante sur les réseaux sociaux et dans les médias 1, ce qui est en soi une très bonne chose, les voyages en avion liés aux loisirs ont repris progressivement  un rythme de croisière.  Malgré le fait que la canicule et la sécheresse de cet été ne permettent plus aucun doute sur l’urgence du défi climatique, les touristes sont dans le déni et se remettent à voyager comme avant la pandémie…

En matière de climat, on pense souvent que ce sont les autres qui sont responsables et qui devraient faire des efforts, et les super riches en particulier, d’autant que les appels à la sobriété énergétique sont de plus en plus insistants et que le spectre d’une récession économique, ainsi que des factures d’énergie démesurées hantent les esprits. Mais un changement de comportement à plus grande échelle est nécessaire pour atteindre nos objectifs climatiques. En matière de transport aérien, l’association T&E a démontré qu’une réduction de la demande en matière aérien est une étape indispensable à la décarbonation du secteur.

Les voyages d’affaires, par contre, s’ils reprennent, ne semblent ne pas avoir atteint leur niveau de déploiement d’avant la période Covid et les perspectives laissent entrevoir une reprise plus partielle et plus lente que celle qui caractérise les voyages de loisir 2. Plusieurs acteurs observent cette tendance et l’expliquent par différents facteurs : du côté des freins, il y a l’habitudes des réunions en ligne, adoptée pendant la pandémie, et le fait qu’un nombre croissant d’entreprises aient à rendre des comptes sur le plan de la durabilité et remplacent en conséquence des vols courts par des voyages en train pour réduire leur empreinte écologique, par exemple. Ces préoccupations environnementales ne sont pas récentes mais auraient été accentuées par la pandémie. Les voyages les plus impactant (plus de km en moins de temps) sont particulièrement visés. En outre, le spectre d’une récession lié à la guerre en Ukraine inciterait de nombreuses entreprises et organisations à la prudence. Du côté des incitants, il y a la préoccupation de retrouver un esprit d’équipe, notamment via des voyages dont les collaborateurs avaient été privés pendant la pandémie.

L’avenir du voyage d’affaire en avion est important, aussi, car ce type de voyage est globalement plus impactant sur le climat que le trafic aérien lié aux loisirs. En effet, un tiers des voyageurs d’affaire qui prennent l’avion optent pour la première classe. Or les voyages en première classe sont nettement plus impactants que les voyages en classe économique.

Plusieurs solutions existent et ont été testées par des entreprises et des organisations (telles que des universités, par exemple) pour réduire l’impact climatique et environnemental des voyages d’affaires. A titre d’exemple, à l’Université de Liège (Ulg), une politique environnementale relative aux trajets internationaux est entrée en vigueur le 1er avril 2022. Celle-ci prévoit notamment une clause environnementale dans le marché public « Agence de Voyages » qui rend les trajets en train vers les destinations accessibles en moins de 6 heures de gare à gare, ainsi que vers les destinations pour lesquelles le trajet en train n’excède pas de 3 heures le trajet en avion. Cette politique prévoit aussi un subside pour les étudiants qui se rendent dans leur destination Erasmus en train. La Vrije Universiteit Brussel (VUB) a mis en place une politique de voyage axée sur trois principes (A – B – C : « Avoid, Book an alternative, Compensate ») pour réduire ses émissions.

Pour encourager le partage de bonnes pratiques en la matière entre entreprises et organisations, sur le plan national (Belgique), créer une émulation et revenir vers les pouvoirs publics avec des recommandations sur ce qu’il y a lieu de mettre en place pour encourager les initiatives des acteurs qui s’engagent, Canopea (anciennement IEW) s’est associée à Bond Beter Leefmilieu dans le cadre du projet de mise en place d’une Coalition d’entreprises qui font des démarches pour des voyages d’affaires plus durables. L’évènement de lancement de cette coalition aura lieu ce 21 septembre en matinée à Bruxelles. Affaire à suivre !


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  2. Soulignons au passage que l’analyse des motivations des voyages et des destinations choisies tend à rendre la frontière entre voyages d’affaires et voyages de loisirs plus perméable qu’elle n’y paraît à priori.