Le G8 voit trop loin pendant que la Belgique « chipotte »

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On ne peut que se réjouir de la prise en main du problème des changements climatiques par les instances internationales. D’ambitieux plans de réduction des émissions de gaz à effets de serre se succèdent en effet,… mais se coordonnent-ils? Les projets d’accords sur les réductions d’émissions de gaz à effet de serre entre les pays membres du G8 se fixent pour cadre temporel, par exemple, 2050 mais tendent à oublier l’échéance de 2020 propre à l’Union Européenne. Celle-ci, dont on avait salué les efforts prospectifs subit aujourd’hui des pressions de la part de ses industriels pour aménager le calendrier desdits efforts. Et, devant les atermoiements de quelques personnalités politiques, les instances de l’ONU soupçonnent l’Union de rétropédalage. Ces tergiversations multiples sèment le doute dans le chef des industriels concernés: quels investissements? A quel(s) terme(s)? Cette valse hésitation entraîne donc une insécurité quant aux investissements et limite l’adhésion nécessaire aux efforts requis.
Au-delà de ces déclarations d’intention louables, qui, à si long terme, n’engagent que très peu les signataires, force est de constater que les positions conservatrices dominent au niveau des investissements:
l’Italie s’est réengagée dans le nucléaire, qu’un référendum en 1987 l’avait fait quitté,
des centrales au charbon sont projetées un peu partout dans le Monde et singulièrement dans les Emirats pétroliers du golfe Persique.
A l’aube de l’adoption d’une nouvelle feuille de route « post protocole de Kyoto », il convient de travailler tant sur le court que le moyen et le long terme.

Et en Belgique, quoi de neuf?

Dans notre pays, le message est on ne peut moins clair. Dans la tentative, qu’il a un temps annoncé comme triomphale, pour apporter une dot au gouvernement, le Ministre Magnette s’est fourvoyé sur les intentions d’Electrabel. Ne savait-il pas que l’opacité séculaire des négociations du secteur n’avait pas été évaporée par la libéralisation? Les rapports de force entre le secteur énergétique et les pouvoirs publics sont depuis longtemps à l’avantage des producteurs, bien relayés par une partie de la classe politique. Le gouvernement ou certains de ses membres a longtemps négocié en secret et sans contrôle parlementaire des « aides au budget » marginales en échange d’avantages substantiels.

Qu’y a-t-il au menu, cette fois? Un allongement de la durée de vie des centrales nucléaires?1 L’absence de politique énergétique claire et le parti pris de la Commission « Energie 2030 » ont engendré une insécurité sur les investissements en matière d’énergie.
Plus que jamais l’incertitude règne sur la capacité de la Belgique à tenir ses engagements internationaux. Les enjeux actuels demandent une position forte et claire. Ils demandent d’investir dans la maîtrise tant de la production que de la consommation d’énergie.
Enfin, il convient de s’interroger sur la somme. 250 M ¤, qu’est-ce que cela représente? Personne, excepté les producteurs, ne semble aujourd’hui en mesure de calculer précisément les marges bénéficiaires réalisées par les sociétés de production. La Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz (CREG) elle-même, chargée du contrôle du secteur, semble admettre son incapacité à remplir sa mission en la matière. Cependant, il n’y a aucun doute sur le fait que cette somme est largement inférieure aux montants indûments perçus. De surcroît, cette somme ira combler le budget du gouvernement au lieu d’alimenter une politique énergétique efficiente et durable. Le pouvoir politique se doit d’agir, sous peine de se retrouver durablement sous la mainmise des producteurs et d’échouer dans sa mission première d’assurer aux citoyens des conditions de vie harmonieuses.