Le Ministre de l’environnement, maître du surréalisme?

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Pour mieux vous faire comprendre la pièce dans laquelle nous jouons aujourd’hui, imaginons cette situation absurde : vous êtes le public expressément invité, sur de jolis cartons, à la première d’une représentation théâtrale annoncée comme majeure. La salle est comble, l’impatience est palpable…

Le rideau se lève, et… ce ne sont plus qu’hésitations, confusions, personnages absents sur scène, rôles intervertis et incohérence. Le tout se poursuit pendant plus des ¾ de la pièce, jusqu’à ce que le metteur en scène, interpellé par quelques spectateurs critiques, annonce à ces derniers que, finalement, ce n’était qu’une répétition générale. Dans la salle, la plupart ne sont toujours pas au courant.

Vous qui lisez ces lignes aujourd’hui êtes ces invités-là. Vous avez en effet été invités, via un questionnaire bleu-goutte-d’eau, à ce que vous croyiez être une enquête publique sur les projets de plans de gestion par district hydrographique. Et c’est à vous que le Ministre n’a pas encore dit que cette seconde enquête n’est plus vraiment l’enquête officielle, requise par la directive cadre sur l’eau (DCE). Vous aviez bien remarqué que les documents soumis à la consultation n’étaient pas complets, que nulle part on ne déclinait le plan par district, ni ne parlait de dérogations. Mais jusqu’ici les informations accessibles étaient d’une clarté sans appel :
« Résumé des mesures visant l’information du public, les résultats et les modifications au plan: Organisation de la seconde enquête publique – Une seconde consultation publique concerne les avant-projets de plans de gestion et les projets de mesures-type. Elle se déroule du 16 juin 2008 au 15 décembre 2008. A l’issue de cette consultation publique, les quatre projets de plans de gestion et les quatre projets de programmes de mesures (un par bassin hydrographique wallon) seront présentés, pour approbation, au Gouvernement wallon. Ils seront ensuite soumis à une évaluation des incidences sur l’environnement. »

Sachez qu’elles viennent d’être modifiées comme suit :
« Cette consultation concerne les mesures-type qui seront mises en place au travers des plans de gestion par district hydrographique. Elle se déroule du 16 juin 2008 au 15 décembre 2008. Sur cette base, quatre projets de plans de gestion seront soumis à l’approbation du Gouvernement wallon. S’en suivra une étude d’incidences environnementale. Mi-juin 2009, le rapport d’évaluation environnementale et les projets de plans de gestion seront à nouveau soumis au Gouvernement wallon et mis à l’enquête publique (la deuxième prévue au niveau de la DCE). »

Une « vraie » enquête publique sera donc réorganisée, sur base de documents finalisés.

En Belgique, nous aimons le surréalisme. Mais pas le « n’importe quoi ». Cette vraie fausse enquête relève de celui-ci bien plus que de la pipe de Magritte. Mais que cette mauvaise pièce ne nous fasse pas oublier que les enjeux sont de taille. La participation du public ne s’improvise pas, surtout pas à coup de documents incomplets. Il est temps que la gestion politique du dossier s’intéresse aux questions de contenu.

Participons pendant 1 an et soutenons la rédaction de 4 plans complets (Escaut-Meuse-Rhin-Oise), s’attaquant aux problèmes de manière non détournée et avec un objectif de résultat.
Il faudra en effet relever les défis suivants :

 Le coût de l’eau augmente nettement pour les ménages.
Comment faire appliquer le principe pollueur-payeur vis-à-vis de l’agriculture ?

 Les stations d’épurations sont munies de déversoirs d’orage, envoyant l’eau directement à la rivière sans traitement en cas de pluie.
Comment s’assurer que les impacts de ces déversoirs sur la rivière ne ruinent pas tous les efforts entrepris par ailleurs ?

 Les concentrations en nitrate dans les eaux souterraines continuent à augmenter. Pour l’instant c’est un constat d’inefficacité du programme de gestion durable de l’azote en agriculture. Comment modifier les pratiques pour les rendre effectivement durables ?

 Est-ce que les mesures proposées vont permettre d’améliorer l’état général de nos rivières, notamment dans le bassin de l’Escaut où toutes les rivières sont classées dans le rouge ? Et dans quels délais ?

 Parviendrons-nous à cesser de dégrader les milieux aquatiques ? À les préserver, voire à les restaurer ?