Le nucléaire fait de la résistance, mais…

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Le récent conflit gazier opposant la Russie à l’Ukraine, sous l’œil attentif de l’Union européenne, est apparu comme une opportunité de plus pour l’industrie nucléaire de présenter sa technologie comme un remède à tous nos maux énergétiques (changements climatiques, dépendance énergétique, etc.). Confrontée à une logique de survie face au parc nucléaire vieillissant (plus d’une centaine de réacteurs devront être construits d’ici 2020 pour remplacer les unités en fin de vie), elle entonne à tout-va son refrain aux airs bien connus d’une énergie propre, abondante, sûre et pas chère. Et obtient écho dans certains milieux de la sphère politique puisque, après le récent plaidoyer de Tony Blair en faveur des réacteurs EPR (de 3ème génération), c’est Jacques Chirac qui a rassuré le secteur en annonçant le mois dernier la future construction en France d’un prototype de réacteur de 4ème génération. Outre que ces nouvelles variantes ne changent pas fondamentalement la donne puisqu’elles ne sont que des évolutions de réacteurs existants (et ne résolvent donc pas les problèmes de coûts, de gestion des déchets, de risques d’accidents et de terrorisme, etc.), elles sont en réalité un moyen pour une industrie en déclin de nous faire miroiter des solutions à long terme. Or, source d’énergie très peu flexible et incitant donc à la consommation, le nucléaire est une fuite en avant technologique nous détournant des réels enjeux (une société sobre en énergie) et constitue – en raison des budgets colossaux qu’elle absorbe – un obstacle aux alternatives plus durables que sont les sources d’énergie renouvelables et la cogénération de qualité. Risqué à l’heure où tout le monde s’accorde pour reconnaître l’urgence et l’ampleur du défi climatique…   

Notons que depuis, l’actualité en matière de nucléaire se concentre sur un autre enjeu de taille : faut-il laisser l’Iran développer son programme nucléaire ? Silence radio du côté de l’industrie nucléaire et embarras plus que manifeste du côté des politiques européens. Le sénateur républicain John MacCain lui, résume ainsi la situation : « Une seule chose serait pire qu’une intervention militaire (en Iran), ce serait que l’Iran possède l’arme nucléaire. » Le nucléaire, energie propre, abondante, sûre et pas chère ??

Une petite info d’Espagne pour alimenter les débats ? Son gouvernement offre 12 millions d’euros par an à la localité qui acceptera sur son territoire la poubelle nucléaire nationale. Mais aussi un centre de recherche sur la transmutation (100 emplois) et de nouvelles routes (en cas d’évacuation de la population !). Malgré cela, les candidats ne se pressent pas au portillon et, il est quasi certain que cette poubelle se situera sur le territoire d’une localité dont la population est habituée à vivre avec le nucléaire. Tant qu’à faire…

Pour plus d’informations, consulter le dossier de Global Chance (février 2005) intitulé : « Utopies technologiques : alibi politique, infantilisation du citoyen ou lendemains qui chantent ? ». http://www.agora21.org/global-chance/GC-N-20.pdf

Sur la question nucléaire en Iran, lire le dossier « Nucléaire, Demain la guerre avec l’Iran » du Courrier International n° 799. http://www.courrierinternational.com/