Le paradoxe mobilité-productivité

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Le paradoxe mobilité-productivité – Explorer les relations négatives entre mobilité et productivité économique, tel est le titre d’une présentation faite à l’International Transportation Economic Development Conference par Todd Litman, du Victoria Transport Policy Institute. Le document (téléchargeable ici) s’attache donc à l’étude de ce qui apparaît comme un paradoxe : les corrélations négatives entre des indicateurs de mobilité tel le nombre de kilomètres roulés par les véhicules (VMT pour vehicle miles traveled) et des indicateurs économiques tel le PIB. Il examine également les corrélations positives entre les contraintes exercées sur la mobilité (coûts d’utilisation de la route, congestion) et la productivité.

Ces corrélations contredisent l’idée communément admise selon laquelle les politiques qui accroissent la mobilité (extension du réseau, diminution des coûts d’utilisation) augmentent la productivité et soutiennent le développement économique.

Selon l’auteur, quatre facteurs participent à l’explication de ce paradoxe. Un, le trafic des véhicules motorisés n’est qu’un des éléments qui affectent l’accessibilité (aux lieux, aux biens, aux services, …). Pour le dire autrement, le trafic est un moyen d’assurer l’accessibilité qui, elle, est déterminante pour l’activité économique. Deux, de nombreuses politiques qui visent à accroître la mobilité violent les principes d’un marché efficient, ce qui tend à réduire la productivité. Trois, le trafic de véhicules motorisés consomme beaucoup de ressources, donc son accroissement augmente de nombreux coûts, dont certains sont supportés par l’industrie. Quatre, une augmentation du trafic est synonyme d’augmentation de la part du budget des ménages allouée aux véhicules et carburants ; ces dépenses génèrent peu d’emplois à l’échelle régionale et peu d’activité économique.

Voilà qui rejoint de nombreux avis exprimés par des spécialistes des transports, dont celui de la Conférence européenne des Ministres des Transports (CEMT) qui, à l’issue d’une table ronde « Transport et développement économique » tenue en 2001, estimait que « Il y a chez les politiciens une croyance fortement ancrée selon laquelle les investissements dans les infrastructures de transport génèrent un développement économique et, corrélativement, des emplois. Cependant, cette croyance n’est pas confirmée pas l’analyse scientifique, qui indiquerait plutôt que l’impact de ce type d’investissements sur l’emploi et l’économie demeure limité – du moins dans les pays développés – et peut même, à une échelle purement régionale, être négatif. »