Les GSM et les jeunes oreilles

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Un groupe de pédiatres flamands a lancé une action dans le but de faire interdire l’utilisation des téléphones mobiles aux enfants de moins de 16 ans. Le groupe d’action, baptisé « Limitez les radiations », a, pour ce faire, lancé une campagne d’affichage et une pétition avec un excellent relais dans la presse quotidienne flamande.

Pour appuyer leur action, les organisateurs font référence à plusieurs études mettant en évidences les dangers des téléphones portables, mais aussi du Wi-Fi et des baby-phones sans fil. D’après celles-ci, « les technologies sans fil sont particulièrement nocives, du fait notamment qu’il s’agit d’ondes pulsées, c’est-à-dire modulées par des impulsions en basses fréquences. A de très faibles niveaux d’exposition, les rayonnements micro-ondes entraînent des troubles neuro-endocrino-immunitaires. A cela, il faut ajouter des effets promoteurs ou copromoteurs de cancers (leucémies, tumeurs au cerveau…), des dommages génétiques, des difficultés de concentration, des douleurs articulaires, des insomnies, des problèmes psychovégétatifs, une baisse de la fertilité, une altération des capacités cognitives, des dommages neuronaux et une modification de la barrière hémato-encéphalique qui protège le cerveau contre les toxines et les substances toxiques nocives…. »

De surcroît, « les jeunes qui utilisent un GSM en font souvent un passe-temps alors que leur cerveau est en plein développement« , souligne le Dr Michèle Verboven, de l’AZ VUB, co-organisatrice de cette action et intimement convaincue que le GSM comporte d’importants risques pour la santé des enfants. Sans compter que cet engouement pour le petit engin se fait au détriment d’autres activités (sportives, sociales, culturelles) ; ce qui peut entraîner des problèmes de développement physique, de développement du langage, d’obésité, et d’isolement.

Son confrère Jan Allein, pédiatre, qui estime « le GSM n’est pas un jouet » et que « les autorités manquent de clarté vis-à-vis des parents sur les dangers que la téléphonie mobile représente pour leur progéniture« .
Sans se prétendre spécialiste de la question le Pr Didier Moulin, chef du service de pédiatrie générale aux Cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles, se veut nettement moins alarmiste. Pour avoir consulté la littérature scientifique à ce sujet, il nous dit ne pas avoir trouvé d’étude réellement convaincante, permettant, à l’heure actuelle, de s’inquiéter quant aux dangers éventuels pour le développement cérébral de l’enfant, liés au GSM. « Dans les études que j’ai pu consulter, il y a beaucoup d’hypothèses et d’empirisme, mais peu de bases scientifiques. On compare des animaux mis en situations tout à fait particulières à des enfants… A l’heure actuelle, pour se prononcer avec certitude sur la question, il me semble qu’il manque de données scientifiques. Il faut se méfier d’alerter les gens sur de fausses présomptions. »

Enfin, certains affirment que le problème de l’usage des GSM chez les enfants se situe principalement au niveau psychologique et de développement du langage : en confiant un GSM à un jeune enfant, on lui donne certaines responsabilités qui ne sont pas tout à fait de son âge. On lui confie notre stress car « c’est pour en cas de danger… ». Sur le plan du conditionnement aussi, on crée une génération d’enfants qui jouent avec des messages, qui parlent en langage codé, qui, dans les relations interpersonnelles, suppriment toutes sortes de préséances.
Nous ne pouvons nous empêcher de penser que, comme dans de nombreux autres domaines dans lesquels d’importants lobbys et de très gros intérêts commerciaux sont en jeu, les études et les arguments scientifiques disent tout et leur contraire… Ce qui ne fait que maintenir la confusion au sein des esprits.

Nous demandons dès lors que nos hommes et femmes politiques prennent leurs responsabilités et renforcent les mesures réglementaires en matière de champs électromagnétiques en se basant sur le principe de précaution. Même si les compétences dans ce dossier sont principalement fédérales (ce qui est logique : les opérateurs couvrent un territoire sans trop se préoccuper des limites administratives et les effets des champs électromagnétiques couvrent l’ensemble de la population et du territoire), il convient qu’un accord de coopération soit établi avec les Régions (compétentes en matière d’environnement, d’aménagement du territoire, de santé) et les communautés (compétentes en matière de prévention, d’éducation). Il est temps de revoir la législation fédérale pour la rendre plus proche des réelles préoccupations ressenties au sein de la population tant pour sa santé que pour le développement physique, intellectuel et émotionnel de nos enfants.

Pour en savoir plus (et même beaucoup plus) : notre site www.sante-environnement.be propose une série d’articles de compréhension, une évaluation du système belge et des revendications associatives en la matière.

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