Les poissons morts se ramassent à la pelle

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Trois automnes successifs ont vu, avec horreur, tous les poissons de la Dendre rouler sur le flanc. Trois années de suite, où le cortège des pompiers tentant des réanimations de la rivière par aspersion et celui de la protection civile emmenant les cadavres se croisaient sur les berges. Mais le défilé ne s’arrête pas là : la récurrence de ces pollutions, dont l’origine était jusqu’ici non identifiée, a tout pour mettre en colère. Les pêcheurs bien sûr, désespérés face au désastre. Le service environnement de la commune, sous pression. La DPE, sollicitée mais critiquée.

La confiance n’est en effet plus de mise, quand deux années se sont passées sans qu’aucun pollueur n’ait été identifié. Ou quand on vous répond que « rien de visible » ne se passe dans la Dendre alors que tant les pêcheurs que les éclusiers du MET signalent une couleur anormale des eaux. C’est d’ailleurs sur base de la teinte de l’eau que les éclusiers ont pu confiner la première « vague », le 6 octobre 2006. En effet, les pollutions se sont étagées sur plusieurs semaines !
Interpellé de toutes parts, le Ministre Lutgen répond par voie de presse ce 21 novembre : eureka, le pollueur est identifié !

Un contrat de rivière inexistant
Suite aux plaintes déposées, les analyses de terrain ont mené les enquêteurs du côté d’anciennes canalisations de rejet d’une des industries riveraines. Les tuyaux, officiellement désaffectés, laissaient s’écouler dans la Dendre des eaux usées visiblement polluantes. C’est par endoscopie que les enquêteurs ont confirmé leurs soupçons et poursuivront les observations de l’état des canalisations, par temps sec.

Reste à payer maintenant ! L’application du principe pollueur-payeur permettra un rempoissonnement mais, ce faisant, on ne s’attaque non seulement qu’à la partie immergée de l’iceberg mais en plus de façon partielle. Partielle parce que rempoissonner ne permet évidemment pas de reconstituer l’équilibre de toutes les classes d’âge d’une population. La partie immergée de l’iceberg parce que les poissons sont les plus visibles des organismes atteints par la pollution. Tous les autres organismes vivants, ceux qui auraient survécu à trois années de massacre, devront péniblement reconstituer leurs effectifs à la force de la dynamique de leur population située en amont. Bref, on est loin, très loin, du bon état écologique requis pour 2015 par la directive cadre européenne !

Le grand absent de l’histoire c’est le « non-fonctionnant » contrat de rivière Dendre, dont la relance paraît indispensable mais improbable… Responsables ? Les communes, dont le manque d’intérêt bloque les démarches de relance entreprises par la DGRNE.

Peut-être que beaucoup ont perdu de vue que la Dendre était… une rivière !