Les trames verte et bleue : la France fait un petit pas pour sa biodiversité

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Parmi les avancées notoires du Grenelle de l’environnement, il faut relever les trames verte et bleue qui viennent d’être adoptées par le Sénat français. Pendant que le gouvernement wallon esquivait les mécanisme d’évaluation environnementale, le Grenelle accouchait d’un nouvel outil contraignant puisqu’il faudra prendre en compte le réseau écologique dans l’évaluation des projets mis en place par les autorités publiques… A moyen et plus long termes, ces trames conduiront à l’intégration du réseau écologique dans les documents de planification urbanistique. Une avancée certes timide car ce réseau écologique aurait pu être opposable aux documents d’urbanisme et aux projets portés par des tiers comme c’est le cas du réseau Natura 2000 par exemple. De même, il faut regretter que ce réseau manque d’ambition sur ce qu’il apporte d’essentiel, à savoir le maintien ou la restauration des discontinuités écologiques indispensables à la création d’un réseau écologique fonctionnel.

Les trames verte et bleue ont pour objectif d’enrayer la perte de biodiversité en participant à la préservation et à la restauration des continuités écologiques entre les milieux naturels. A cette fin, elles devront contribuer à diminuer la fragmentation et la vulnérabilité des habitats naturels et habitats d’espèces en identifiant et reliant les espaces importants pour la préservation de la biodiversité par des corridors écologiques. En outre, la définition et l’élaboration de ces trames devra prendre en compte la biologie des espèces de la faune et de la flore sauvage en prenant en compte leur besoin de déplacement dans le contexte des changements climatiques.

La trame bleue vise plus spécifiquement à maintenir ou restaurer le bon état écologique du réseau oro-hydrographique, véritable ossature du réseau écologique. Elle comprend les cours d’eau, parties de cours d’eau ou canaux désignés pour atteindre ou conserver leur bon état écologique tel que défini par la directive cadre eau, ainsi que les zones humides qui contribuent ou qui sont nécessaire à la préservation de la biodiversité.

La trame verte comprendra assez logiquement les espaces naturels importants pour la préservation de la biodiversité, dont notamment le réseau Natura 2000, les réserves naturelles et les parc nationaux. A cela devront venir s’ajouter les corridors écologiques constitués des espaces naturels ou semi-naturels ainsi que des formations végétales linéaires ou ponctuelles, permettant de relier les espaces naturels protégés ainsi que les bords de cours d’eau, plans d’eau pour lesquels il y a obligation, instaurée également dans le cadre du grenelle, de maintenir une bande enherbée permanente d’au moins 5 mètres de large.

Un peu plus de 500.000 ha sont concernés par cette mesure dont un peu moins de 50 % au sein des milieux agricoles.

Une maille pratiquement limitée au réseau oro-hydrographique

Sans être absent, la notion de corridor écologique sera appréciée et développée ultérieurement dans le cadre de documents cadres d’orientation alors même que l’intérêt des trames verte et bleue réside justement dans la création de ce maillage intégrant les sites naturels existants à travers un réseau combinant des zones tampon autour des sites naturels et créant/restaurant des connexions entre sites. Que ce soit au niveau national ou régional, l’importance de cette maille indispensable se discutera au sein de comité regroupant les différentes parties prenantes.

Trames verte et bleue sans trop de prétention

Les trames verte et bleue, établies à l’échelle régionale devront être prises en compte dans les documents de planification et les projets, notamment d’infrastructures linéaires, de l’État, des collectivités territoriales et de leurs groupements. Tout projet ou plan susceptible d’atteindre aux continuités écologiques devra préciser les mesures permettant d’éviter, de réduire et, le cas échéant, de compenser ses impacts. Il ne faudra pas envisager comme c’est le cas en Natura 2000 de projets alternatifs susceptibles d’éviter les atteintes aux trames verte et bleue. Les projets privés ne seront par contre pas contraint par cette trame.

Ni trop de moyens…

Lors de l’élaboration des trames verte et bleue, les comités institués aux échelles nationale et régionale et regroupant les parties prenantes devront proposer des mesures contractuelles permettant, de façon privilégiée, d’assurer la préservation et, tant que de besoin, la remise en bon état de la fonctionnalité des continuités écologiques. Un enjeu de taille mais sans réel moyen…

Et chez nous ?

En Région wallonne, après le pschiiit du printemps de l’environnement et le peu d’ambition en matière de biodiversité dans la déclaration de politique régionale, on doit s’attendre au statut quo pour les années à venir. Mais la trame bleue nous rattrapera via l’Europe à travers la mise en ½uvre de la Directive-cadre « eau » et la conditionnalité agricole. Pour ce qui est de la trame verte et de son apport indispensable au niveau de la restauration des discontinuités écologiques bien présente sur notre territoire, il faudra encore attendre … un Plan régional d’actions pour la biodiversité !

Lionel Delvaux

Anciennement: Nature & Ruralité