Les voyageurs veulent un plan d’avenir ambitieux pour le rail

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Ce vendredi 20 mars, Navetteurs.be, TreinTramBus, Inter-Environnement Wallonie et Test-Achats remettent au Parlement Fédéral une note d’évaluation détaillée à propos du plan de transport SNCB. Cette note a été demandée par la Commission Infrastructure qui, après avoir entendu les patrons de la SNCB et Infrabel, souhaitait également connaître le point de vue des associations d’usagers. Selon ces associations, ce plan est une occasion manquée. Elles demandent à la SNCB et au Gouvernement de revoir leur copie pour le Plan Transport 2018 et d’apporter en attendant les modifications nécessaires à l’actuel schéma d’exploitation.

Communiqué commun rédigé par TreinTramBus.

Trois mois après la mise en application du nouveau plan de transport, les plaintes continuent d’affluer. Ceux qui s’attendaient à ce que le chemin de fer fasse un bond en avant ont été déçus. Seules les lignes principales en sortent gagnantes : l’offre de trains entre des villes comme Liège et Bruxelles a été renforcée et mieux répartie, et bon nombre de villes sont à présent directement reliées à l’aéroport. D’autres trajets se font à présent avec correspondance. Pas assez de demande pour les autres lignes ? Certainement pas : selon les chiffres de ventes de la SNCB, en dehors des heures de pointe, Anvers est la destination la plus demandée en gare d’Hasselt ! Cela démontre l’intérêt pour d’autres destinations que Bruxelles. Des relations comme Ypres – Bruxelles et Grammont – Ninove – Alost n’existent plus et celui qui souhaite voyager en heures de pointe depuis l’ouest de Gand ne peut plus le faire de manière directe vers Bruxelles.

La SNCB mise uniquement sur les trajets domicile-travail et domicile-école et démontre clairement un manque d’ambition. D’après l’enquête « Verplaatsingsgedrag Vlaanderen », le nombre de déplacements le samedi est plus important que la plupart des jours de semaine, mais la SNCB n’en tient absolument pas compte et ne propose, les weekends et jours fériés, que la moitié de l’offre équivalente en semaine. L’offre de trains semble également ignorer l’importance des déplacements dans le but de faire du shopping dans les grandes villes. La SNCB ne semble pas s’intéresser davantage aux déplacements pour de motifs de loisirs : cela se traduit pas la suppression de nombreux trains en soirée dans l’ensemble du pays.

La cause de cette faible ambition se situe sans doute au sein des gouvernements fédéraux successifs : il n’y a pas d’enveloppe budgétaire pour des trains supplémentaires, ce qui signifie que ceux ajoutés vers l’aéroport ont entraîné des suppressions de trains ailleurs. Plus grave encore : la SNCB va devoir faire face à au moins 20% d’économies dans les prochaines années. Les voyageurs s’attendent dès lors au pire concernant l’offre. Même les investissements indispensables tels que l’achat de matériel roulant ou la rénovation de gares comme Vilvorde ou Ottignies vont devoir être mis en attente. Les trains suburbains fréquents autour de Bruxelles (RER) restent un rêve lointain, presque inatteignable pour les autres grandes villes qui voudraient pouvoir compter sur le rail pour desservir leurs agglomérations. Et cela pendant que les voitures de société restent subsidiées à hauteur de 4 milliards d’euros par an. Cette politique fédérale de mobilité doit changer !

Le trafic international est lui aussi à la traîne : rejoindre des villes transfrontalières importantes comme Maastricht ou Aachen ne peut actuellement se faire que via des trains omnibus. Des villes comme Breda, Weert, Maubeuge, Valenciennes et Dunkerque restent difficilement accessibles en train, alors que l’infrastructure ferroviaire existe ou pourrait être remise en service moyennant un coût limité.
Il y a également, au niveau de l’offre existante, un manque de cohérence et de lisibilité : la catégorie « train IC » devrait être un label de qualité, il n’en est rien. La différence entre train IC et omnibus n’est pas toujours visible : entre Dinant et Namur les trains IC et les omnibus s’arrêtent partout. Comprenne qui pourra !

Enfin, les trains sont de plus en plus lents, ce qui est difficilement compréhensible pour les usagers. Les temps de parcours en heures creuses sont trop longs, ce qui oblige les trains à patienter plusieurs minutes aux arrêts. Le trajet le plus lent durant la pointe devient la norme du service pour toute la journée. Cela nuit particulièrement aux investissements dans des lignes à grande vitesse. La SNCB espère ainsi améliorer la ponctualité, mais ne semble pas y parvenir : le train IC Essen – Bruxelles n’atteint que 77 % de ponctualité à destination si l’on tient compte des trains supprimés. En considérant les retards intermédiaires, la ponctualité descend alors à 65 %. La SNCB ne s’attaque pas pour autant aux causes structurelles des piètres performances en la matière comme la problématique du matériel roulant ou le renouvellement indispensable de l’infrastructure (caténaires, voies de signalisation, …).

Les associations de voyageurs demandent donc des améliorations fondamentales, tant pour ce qui concerne les marges de manœuvre encore existantes pour ce Plan de Transport 2015 que pour la préparation du Plan de Transport 2018. Elles formulent des propositions concrètes en ce sens.

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