No Nature, No Future : La nature pour défier les changements climatiques

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Communiqué de presse co-écrit par Natagora, IEW et WWF

Suite aux inondations qui ont touché la Belgique cet été, IEW, Natagora et le WWF-Belgique lancent ce lundi 6 septembre une vaste mobilisation pour interpeller les politiques : nonaturenofuture.be. Les associations appellent à signer un Manifeste destiné à inciter le gouvernement wallon à mettre sur pied au plus vite des politiques promouvant les fonctions régulatrices de la nature face aux catastrophes climatiques.

« Manifeste pour la nature comme solution climatique » : un ambitieux programme politique. En dix points largement documentés, mais surtout très concrets, les trois associations déroulent une série de solutions politiques à mettre en place dès aujourd’hui pour répondre aux défis climatiques. Le Manifeste se focalise sur les solutions que peut offrir la nature, tant pour ses fonctions de régulation hydrologique que de captation du carbone. Elles considèrent également que la nature peut être l’épine dorsale d’une (ré)organisation du territoire wallon, aussi bien en milieu urbain qu’agricole.

Stop Béton !

« La manière dont est géré le territoire wallon a un impact direct sur sa capacité à résister aux événements climatiques extrêmes. Il est temps d’arrêter de bétonner pour laisser de la place à la nature. La Wallonie doit revoir sa stratégie globale de gestion du territoire, tant au niveau des permis de construire ou de rénovation que sur la désignation des zones à bâtir«  analyse Hélène Ancion, experte chez IEW. Les zones inondables, notamment, doivent être exclues de toute nouvelle construction.

Renaturer l’agriculture

Largement financée par les pouvoirs publics, la politique agricole doit, quant à elle, être au service de tous les citoyens et valoriser les agriculteurs engagés dans la transition écologique. Elle doit rendre une place à la nature et lui permettre de jouer son rôle de régulation des caprices climatiques.

Haies, mares, arbustes, tous ces éléments du paysage agricole doivent revenir sur les exploitations et jouer leur rôle de régulation de l’érosion et du ruissellement, ainsi que celui de refuge pour la biodiversité. Les prairies, surfaces les plus efficaces qui soient pour absorber l’eau et précieuses réserves de carbone, doivent être protégées. Les pratiques plus extensives doivent être soutenues comme la diminution de la densité du bétail ou la conversion au bio.

Emmanuelle Beguin, responsable politique agricole chez Natagora : « Nos gouvernants ont une superbe opportunité pour mettre en place ces mesures. Ils doivent adopter, dans les mois à venir, un plan stratégique en vue de l’adoption de la Politique agricole commune 2023-2027. C’est l’occasion de mettre en place une politique novatrice tant pour les agriculteurs que pour les consommateurs. »

Restaurer forêts et zones humides

Les zones humides et les forêts disparaissent ou sont dénaturées. Ce sont pourtant des puits de carbone et d’importants régulateurs des cycles de l’eau. Il faut urgemment leur permettre de retrouver ces fonctions. 

Tourbières, marais, prairies en bord de rivières : les zones humides jouent un rôle d’éponge qui permet de limiter les crues et de stocker de l’eau en période sèche. 80 % de ces zones (!) ont été drainées ou détruites en Wallonie. Il faut les restaurer. Les réseaux de réserves naturelles et Natura 2000 doivent s’étendre pour le bien de tous.

Déborah Van Thournout, porte-parole du WWF-Belgique : « Les forêts n’ont plus grand-chose de naturel en Wallonie. Des milliers d’hectares sont plantés d’épicéas, peu résistants aux sécheresses et destructeurs des sols. Avec leurs capacités d’absorption d’eau et de carbone remarquables, les forêts diversifiées doivent retrouver leur place historique au cœur du territoire wallon.« 

De nombreux autres acteurs de la société civile ont déjà montré leur intérêt pour rejoindre ce mouvement. À travers cette campagne, une réelle mobilisation se met en place pour essayer de trouver des solutions conjointes aux crises climatique et de la biodiversité. À découvrir et à signer sur www.nonaturenofuture.be.

Les 10 points clés du Manifeste :

  1. Amorcer la révision des plans de secteur pour réduire les surfaces à bâtir et réorganiser leur répartition dans des zones où l’urbanisation est souhaitable.
     
  2. Définir, au niveau régional, les balises contraignantes visant la fin de l’artificialisation du sol, sur base desquelles les permis d’urbanisme, d’urbanisation et permis unique pourront être délivrés.
      
  3. Modifier le Code du développement territorial (CoDT) pour limiter, voire interdire, la construction et l’imperméabilisation des sols en zone inondable, à la source des cours d’eau, en zone humide et en zone d’épanchement des cours d’eau.
     
  4. Développer 10 % de maillage écologique en terres de cultures et 15 % en prairies permanentes.
     
  5. Conditionner les subsides agricoles à l’interdiction de labourer et drainer les prairies sensibles d’un point de vue environnemental.
     
  6. Soutenir les éleveurs dans une transition vers un élevage plus extensif par le remplacement progressif d’au moins la moitié de l’aide aux vaches viandeuses par une prime à l’herbe.
     
  7. Soutenir les cultivateurs dans une transition vers des pratiques plus extensives, y compris par des paiements suffisamment incitatifs pour atteindre 30 %  de la surface agricole utile en agriculture biologique en 2030.
     
  8. Restaurer d’ici à 2030, 30 % des zones humides (sols (para-)tourbeux, (très) humides et alluviaux) qui sont actuellement dans un état de conservation défavorable.
     
  9. Étendre d’ici à 2030 le Réseau Natura 2000 à 30 % de la surface du territoire wallon (13% actuellement) et les réserves naturelles à 10 % (actuellement 1 %), en y incluant notamment les zones humides et les habitats et habitats d’espèce qui se trouvent hors des sites Natura 2000.
     
  10. Réviser d’ici à 2024 le code forestier afin d’accélérer la transition vers des forêts plus naturelles et biodiversifiées, contribuant ainsi à notre résilience face au dérèglement climatique.

Contacts presse :

  • Pour la campagne : Déborah Van Thournout, porte-parole du WWF-Belgique, 0474 58 71 52.
  • Aménagement du territoire : Hélène Ancion, chargée de missions “Aménagement du territoire”, IEW, 0492 43 54 75.
  • Agriculture : Emmanuelle Beguin, responsable politique agricole Natagora, 0496 98 62 86.

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