Politique de lutte contre les particules fines : « Consultez votre médecin »!!

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Les particules fines sont reconnues comme la pollution de l’air la plus grave en terme d’impacts sur notre santé. En Belgique, ce ne sont pas moins de 10 à 13.000 décès prématurés qui leur sont dus chaque année [[en association avec des facteurs de vulnérabilité (tels que l’âge, le bagage génétique, le type d’activité physique, l’alimentation, certaines addictions, etc.), comme le souligne Benoît Nemery, responsable de l’Unité de recherche en toxicologie pulmonaire de la KUL.]] – soit une trentaine chaque jour en moyenne.

Un double danger

La dangerosité des particules fines tient d’abord à leur très petite taille. Les PM10 et autres PM2,5[[Les PM10 sont les particules de diamètre inférieur à 10 microns, soit inférieur à 10-5m. Les PM2,5 sont les particules de diamètre inférieur à 2,5 microns, soit 2,5×10-6m.]] pénètrent profondément dans les voies respiratoires, jusqu’aux alvéoles pulmonaires où se font les échanges entre l’air et le sang. Il en résulte des risques accrus de difficultés respiratoires, d’origine allergique, infectieuse ou obstructive. Les fonctions cardiaques sont aussi affectées de manière fréquentes.

Le second danger des particules fines vient de leur composition. Résidus d’hydrocarbures imbrulés et poussières industrielles voient leur effet néfaste démultiplié par la présence en leur sein de certains agents hautement cancérigène, tels le BaP (benzo(a)pyrène) qui affecte non seulement les voies respiratoires, mais aussi la peau.

L'(in)action politique

Face à cette situation, des normes de concentration ont été établies. L’Europe impose de ne pas dépasser le seuil de 50 mg/m3 plus de 35 jours par an pour les PM10 et de rester en moyenne annuelle sous la barre des 40mg/m3. Il importe en effet de limiter à la fois l’exposition moyenne de longue durée dont les effets cumulatifs sont similaires à ceux du tabagisme et l’exposition de pointe, lors des pics de pollution aux particules, où la mortalité cardio-vasculaire augmente de 2,2% en moyenne[[Selon une étude de l’Institut National de Veille Sanitaire réalisée en France en 2008.]].

Or ces normes ne sont pas respectées chez nous : la situation étant particulièrement préoccupante dans les bassins industriels fortement peuplés de Liège et de Charleroi, comme vient encore de le montrer une étude de l’ISSeP en ce début 2011. Pour le BaP, la situation est dans certains cas complètement hors contrôle. Alors que les normes européennes préconisent de ne pas dépasser 1 ng/m3 (contraignant en 2012), la moyenne observée à la station de Sclessin a été de 4,86 ng/m3 en hiver et de 7,51 ng/m3 en été, avec des pics allant jusqu’à 108 ng/m3 !

Vu la dangerosité de cette substance, l’OMS qui fixe ses normes uniquement à partir du critère de la santé publique – étant donc plus sévère que l’Europe dont les seuils sont le résultat d’un compromis avec l’industrie – recommande de la bannir complètement et met la barre à zéro. En effet, dès que le BaP est présent, il y a danger. Il n’existe pas de seuil sanitairement inoffensif.

Second avertissement de la Commission

C’est dans ce contexte que notre pays a reçu ce 16 février 2011 un second avertissement de part de la Commission européenne. La Belgique avait déjà reçu une mise en demeure de l’Europe, le 23 novembre 2009, pour ne pas avoir mis en ½uvre les mesures permettant de garantir une qualité de l’air jugée suffisante. Vu l’absence de réaction belge, un premier avertissement a suivi le 28 juin 2010. Toujours sans effet, hélas ! Ce qui pousse la Commission à revenir encore à la charge, avec des menaces de sanctions financières à la clé.

En cause, la non-transposition en droit belge de la directive 2008/50/EC dont le but est d’assurer la qualité de l’air ambiant. Le temps passe, et les citoyens les plus vulnérables le paient au prix fort. S’il n’est pas aisé de s’attaquer aux causes bien connues du problème – la mobilité automobile et la production industrielle sont les principales activités émettrices de particules fines – la légèreté avec laquelle cette question est traitée au niveau politique, notamment wallon, n’en est pas moins sidérante[Voir par exemple, en sa page 13, le [compte-rendu d’un échange sur les effets du smog au Parlement wallon le 2 février 2011 dernier.]].

Extrait de nIEWs 89, (3 au 17 mars 2011),

la Lettre d’information de la Fédération.

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