Pourquoi l’objectif de neutralité carbone s’est-il imposé

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Arrêter progressivement d’empirer la situation d’ici la moitié du siècle, tel est l’objectif que l’humanité s’est donné au niveau du changement climatique. Dit de cette manière, cela peut sembler assez peu ambitieux. Et pourtant « arrêter d’empirer » implique des changements profonds dans notre organisation sociétale et dans nos modes de vie. A l’heure où les gouvernements régionaux et fédéral planchent sur leurs nouveaux plans climat pour 2030 – étape décisive vers 2050 – il est utile d’avoir en tête pourquoi l’objectif de neutralité carbone s’impose à tous les secteurs.

Actuellement, le réchauffement planétaire moyen atteint environ 1,2 °C par rapport à la période préindustrielle. Le changement climatique montre déjà ses effets dans toutes les régions du monde, avec des dommages en croissance pour les populations humaines et la biodiversité. Sans mesures drastiques de réduction d’émissions, il devrait dépasser 2°C vers la moitié du siècle et continuer à s’amplifier, entraînant des conséquences dramatiques pour les sociétés humaines.

Le niveau de réchauffement global dépend des émissions cumulées de CO2, cela signifie que pour stabiliser le réchauffement climatique, il est nécessaire d’atteindre des émissions nettes nulles de CO2, tout en réduisant les émissions des autres gaz à effet de serre tel le méthane. Une réduction partielle des émissions de CO2 ralentit la vitesse de réchauffement, mais ne permet pas de stabiliser le climat.

Les émissions cumulées permettant de stabiliser le réchauffement à un niveau donné sont aussi appelées budget mondial d’émission. Pour avoir deux chances sur trois de rester sous un réchauffement global de 1,5 °C, les émissions ne doivent pas dépasser 400 milliards de tonnes de CO2 à partir de début 2020, ce qui correspond à 10 années au rythme actuel d’émissions. De manière équivalente, le budget mondial d’émissions pour limiter le réchauffement moyen à 2°C est de 1150 GtCO2, soit un peu moins de trente années d’émissions au rythme actuel1.

Face à cette situation, un nombre croissant de pays (Europe, USA, Chine, Japon, etc.) se sont engagés à atteindre la neutralité carbone dans les prochaines décennies (généralement entre 2040 et 2060). Les acteurs économiques et industriels qui souhaitent montrer la pérennité de leur activité à long terme cherchent à montrer qu’ils peuvent s’inscrire dans cette perspective de neutralité carbone. Les acteurs qui ne s’engagent pas dans cette direction montrent, involontairement, l’inadéquation de leur activité avec l’objectif de préservation d’une planète viable : tant que ces activités perdurent, le changement climatique empirera.

Cependant, même chez ceux qui s’engagent, les actions menées pour atteindre l’objectif de neutralité carbone sont encore très loin d’être suffisantes.

Pour aller plus loin :

D’un réchauffement limité à 1,5°C à un réchauffement de 3°C et plus, trois fictions scientifiquement plausibles nous aident à mieux comprendre vers où notre monde pourrait aller :

Dans quel monde allons-nous vivre ? Trois scénarios « plausibles » du GIEC

Les propositions d’IEW et de la Coalition Climat ci-dessous ont pour vocation à nous permettre de traduire cette urgence en actions concrètes, via une décision politique plus adaptée à la situation :

Nouveau Plan Air Climat Energie de la Wallonie : recommandations d’IEW (mai 2022)

Mémorandum de la Coalition Climat pour un Green New Deal belge (mars 2021)


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  1. Voir notamment IPCC AG6 WGI Table SPM.2 (2021)            
    https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/downloads/report/IPCC_AR6_WGI_SPM_final.pdf