Publicité : non, la voiture électrique n’est ni « écologique » ni « propre »

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Beau succès des anti-pubs français. Et une réaction intéressante du Jury de déontologie publicitaire qu’on espère voir un jour imitée par l’équivalent belge, le JEP (Jury d’éthique publicitaire) beaucoup plus « timide » pour ne pas dire « timoré ».

Un article de Sophie Chapelle, paru sur Basta!

Plusieurs constructeurs automobiles, dont Citroën, Renault, General Motors et le groupe Bolloré, ont dû corriger leur message publicitaire concernant leurs véhicules électriques. Le caractère « écologique » ou « propre » de leurs modèles ne pourra plus être vanté par leur publicité. C’est ce qu’a décidé le Jury de déontologie publicitaire (JDP), qui statue sur les plaintes du public envers des publicités présumées mensongères. « Une telle allégation ne peut qu’induire en erreur le public sur les propriétés du véhicule et suggérer indûment une absence d’impact négatif sur l’environnement » écrit le JDP, dans son avis rendu le 6 septembre. Cette délibération fait suite à une plainte pour « désinformation » de l’Observatoire du nucléaire. Pour Stéphane Lhomme, porte-parole de cette Observatoire, ces quatre décisions sont la démonstration que « la voiture électrique est polluante ».

Un public induit en erreur

Parmi les sociétés visées, Renault et Citroën associaient leurs modèles respectifs, Zoé et C-Zéro au terme « écologique ». Selon le JDP, « une publicité ne peut se borner à qualifier le produit dont elle fait la promotion d’« écologique » dès lors qu’elle n’est pas en mesure de justifier une telle formulation globale ». Citroën a reconnu que cette allégation peut induire en erreur le public « dans la mesure où la production et l’utilisation d’un tel véhicule ont nécessairement une incidence négative sur l’environnement, quand bien même serait-elle plus limitée que celle de véhicules conventionnels. »

Citroën a depuis supprimé toute référence à un « véhicule écologique » et s’est engagé à l’avenir à « faire preuve de la plus grande vigilance pour les respecter ». Renault de son côté indique que « la mention du caractère écologique du véhicule électrique Zoé sans aucune relativisation est, en effet, contraire aux engagements qu’elle a pris dans le cadre de l’Union des Annonceurs (UDA) en signant la Charte pour une communication responsable. » Renault a par conséquent modifié « écologique » par « zéro émission ».

Une électricité issue d’énergies fossiles ou de centrales nucléaires

La Bluecar est par ailleurs présentée par le groupe Bolloré comme un « véhicule propre ». Le groupe a précisé vouloir « mettre en avant l’absence d’émission de CO2 à la différence des véhicules conventionnels ». Il signale également « la possibilité de les recharger par panneaux photovoltaïques, de sorte que l’énergie utilisée est alors 100 % propre » et que ces véhicules sont « à 85 % recyclables en fin de vie. » Quant à General Motors France, il précisait pour son modèle Opel Ampara qu’il faisait appel à des sources d’énergie « propres et renouvelables ». Mais pour le JDP, un véhicule électrique « n’est pas intégralement recyclable », et l’électricité qu’il utilise « est également produite par des centrales nucléaires ou est issue d’énergies fossiles (gaz, charbon…) ».

General Motors France précise désormais que « l’électricité utilisée provient notamment de sources renouvelables ». Quant à la société Bolloré, elle déclare avoir « supprimé la référence au terme « propre » afin de ne pas créer de confusion dans l’esprit du consommateur. » Cette mention est néanmoins toujours présente sur le site de Bluecar. Si les décisions du JDP font l’objet d’une publication systématique, elles ne donnent pas immédiatement lieu à des sanctions. Celles-ci peuvent aller jusqu’à une demande de cessation immédiate de diffusion adressée aux médias.