Recours contre le permis délivré au complexe « Citta Verde » à Farciennes

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La Fédération a récemment introduit auprès du Ministre André Antoine un recours demandant l’annulation du permis délivré le 30 avril dernier par la Commune de Farciennes pour la construction sur son territoire d’un complexe immobilier comprenant un centre commercial de 85.000m2 .
Pour rappel, un premier permis octroyé en 2007 avait été annulé par le Ministre à la suite de plusieurs recours, dont celui de la fédération environnementale. Celle-ci considère aujourd’hui que, malgré la diminution des surfaces commerciales, la diversification des fonctions sur le site et la « verdurisation » du complexe, le projet reste inopportun tant sur le plan économique et social que sur le plan environnemental et justifie donc un nouveau recours.

Le projet remanié suite à l’annulation du permis de 2007 propose certes de nombreuses améliorations en matières d’environnement : isolation poussée, pose de plus de 1.500 m2 de panneaux photovoltaïques, pompe à chaleur, toitures vertes… Ces efforts sont louables mais ne peuvent pas occulter les problèmes environnementaux majeurs que génèrera la mauvaise localisation du complexe : le centre commercial s’implante en effet « en dehors des centres urbains », comme le notait le Ministre dans sa décision de 2007. Quand bien même la desserte en transport en commun existe et serait renforcée, cette infrastructure, par sa configuration et le nombre de places de parking gratuites (2.650) qu’elle offre, induira inévitablement un accroissement des déplacements automobiles.
A l’heure où la Belgique s’est engagée, dans le cadre du protocole de Kyoto, à réduire ses émissions de CO2, une telle localisation apparaît totalement inadéquate. Rappelons que la part de la mobilité dans les émissions de gaz à effet de serre en Région wallonne a cru de 40% entre 1990 et 2004. Dans ce contexte, le choix d’une implantation judicieuse, notamment pour les commerces qui génèrent d’importants flux de personnes, constitue un enjeu majeur. Inutile sinon de mener des campagnes de sensibilisation pour inviter les citoyens à laisser leur voiture au garage ! Le Ministre reconnaissait d’ailleurs, dans les motivations de son annulation en 2007, que « les nuisances imputables au trafic constituaient le principal problème du point de vue environnemental ».

Autre menace induite par ce projet : la concurrence. Même s’il est plus modeste dans ses dimensions que la précédente version, le centre commercial induira une concurrence importante pour les commerces existants, notamment à Namur et Charleroi. En effet, ni la clientèle, ni le pouvoir d’achat ne sont extensibles… Sur ce point le Ministre relevait que « le projet ne contribue pas réellement à la création de richesses » et encore « qu’un tel projet ne développe pas le secteur commercial car il ne crée pas de nouveaux besoins ; que si le concept projeté était à ce point novateur qu’il serait susceptible de créer de nouveaux besoins, ces besoins seraient satisfaits au détriment d’autres secteurs commerciaux, les ressources du consommateur n’étant pas extensibles » !

Le fait de réserver quelques 60 % des cellules commerciales à des enseignes centrées sur l’équipement de la maison pour favoriser une complémentarité avec l’appareil commercial existant n’offre qu’une faible garantie. De quels moyens disposent en effet les pouvoirs publics pour contrôler et agir sur le choix des commerces? Mais surtout, au bout de quelques années, si le concept ne fait pas recette, comment pourront-ils s’opposer à l’arrivée d’enseignes sans rapport avec l’équipement de la maison se proposant de « sauver » le complexe ?

Par ailleurs, cette concurrence générera inévitablement des pertes d’emplois : d’après l’étude d’incidences sur l’environnement, 287 à 459 emplois seraient perdus dans les commerces existants obligés de fermer leurs portes ou de réduire leurs effectifs face à la concurrence du nouveau complexe commercial.

L’impact de cette concurrence ne se mesure pas uniquement en termes d’emploi ; elle générera aussi inévitablement, à plus ou moins long terme, l’apparition de friches. En provoquant la fermeture de commerces existants, elle participera à la désertification des c½urs urbains. Car deux ou trois vitrines vides suffisent pour gangrener tout un quartier : les commerces ferment, les logements se vident ou se dégradent et la spirale du déclin est amorcée. La collectivité devra alors dégager des fonds pour rénover, animer, sécuriser ces quartiers centraux.

C’est forte de cette analyse et parce que l’intérêt général sortira perdant de ce projet que la Fédération demande au Ministre d’annuler le permis délivré par la commune.