Salon de l’Auto : sortons de la dépendance à la voiture !

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Mobilité
  • Temps de lecture :7 min de lecture
You are currently viewing Salon de l’Auto : sortons de la dépendance à la voiture !

« Je ne peux pas me passer de ma voiture ! » est probablement l’un des plus beaux cadeaux que l’on puisse faire à l’industrie automobile en ce jour d’ouverture du Salon de l’Auto 2019.

Ce cadeau, elle ne le mérite pourtant pas. L’industrie automobile refuse, avec une constance remarquable, la moindre considération pour ses victimes : morts et blessés sur la route 1 , enfants, adultes et aînés abîmés par la pollution de l’air et le bruit, générations sacrifiées aux changements climatiques.

L’industrie automobile a profondément modifié l’aspect et le fonctionnement de nos villes et de nos campagnes en imposant ses bolides. Pourtant, elle a toujours obtenu une réponse positive et sans réserve à ses exigences en routes bétonnées.

Aujourd’hui, il est temps de crier « Stop Béton » !

Les politiques d’aménagement du territoire ont participé de plein gré à cette artificialisation des terres en autorisant l’implantation des activités humaines dans n’importe quel endroit. Lotissements au milieu des champs, zonings et centres commerciaux décentrés : la voiture s’est rendue indispensable pour bon nombre de citoyens.

En miroir, ces politiques ont contribué au déclin des transports en commun mais aussi au recul du vélo et de la marche. En aidant à franchir de longues distances sans perte de temps, l’autoroute et la grand’ route rendent les liens locaux plus difficiles, elles dégradent le cadre de vie et les paysages.

En enlaidissant les lieux où elles s’implantent, elles encouragent l’éparpillement des fonctions, notamment la résidence, le commerce et les services. Est-ce cela que nous devons encourager à l’avenir ?

En totale contradiction vis-à-vis des préoccupations financières des citoyens, l’industrie automobile contribue à alourdir le budget des ménages. Elle table sur l’éloignement physique entre le domicile et les autres lieux de vie (travail, école, commerces de première nécessité, services) pour maintenir son modèle économique.

Côté pollution, elle dispose d’une armada de lobbyistes qui, s’arc-boutant sur un chantage permanent à l’emploi, font tout pour masquer les effets environnementaux et sanitaires de l’automobile.

« Je ne peux pas me passer de ma voiture ! » est en réalité un constat désespéré, auquel il serait grand temps de répondre par des mesures positives. Stop béton !

Quatres mesures pour une mobilité accessible et durable

En matière de mobilité, l’urgence climatique et de santé publique rejoint l’urgence sociale. Le politique doit reprendre la main.

Nous proposons ici un focus sur quatre mesures qui nous paraissent essentielles pour développer une mobilité durable et accessible à tous. Leur faisabilité est largement documentée. Elles concernent directement le secteur automobile :

#StopBéton

Ne plus céder un m² de territoire à de nouvelles infrastructures destinées à l’automobile, alors que la Belgique a déjà le réseau routier le plus dense d’Europe !

Ces investissements lourds et extrêmement coûteux sont difficilement réversibles. Ils consolident la dépendance à la voiture et amplifient les problèmes sociaux, environnementaux et sanitaires.

Les moyens colossaux de ces projets doivent être réorientés vers le financement d’alternatives confortables et vers l’entretien des infrastructures existantes.

Une fiscalité automobile au service de la population 

Le maintien et la révision de la taxe de mise en circulation doivent orienter les consommateurs vers des véhicules moins polluants. L’avantage fiscal que constitue la voiture de société doit disparaître de la palette des cadeaux empoisonnés octroyés aux travailleurs.

Bienvenue LISA Car, exit les « chars de combat » 

Réguler de manière drastique les critères de mise sur le marché en orientant le choix vers des véhicules légers, moins puissant, dont la forme est moins agressive en cas de contact avec un piéton ou un cycliste.

Ces véhicules seront aussi moins chers à l’achat et à l’utilisation, tout en étant moins polluants, plus sûrs et adaptés aux besoins concrets des utilisateurs.

Le concept #Lisa Car (Light & Safe Car – voiture légère et sûre) incarne ce renouveau prometteur, qui se situe à l’opposé des SUV, le must que l’industrie automobile nous vante et vend.

Pour une mobilité partagée 

Réduire le nombre de voitures en circulation est indispensable. L’imaginaire multimodal change déjà notre façon de concevoir les moyens de transport.

L’espace public doit pouvoir accueillir tous les modes, pour rendre aux citoyens leur droit à se déplacer, notamment à pied, dans un espace de vie apaisé, sain, sûr et compatible avec l’enjeu climatique.

Nos choix de modes de déplacements s’ouvrent sur des possibilités nouvelles… Gageons qu’un jour, on se réjouira de vendre moins de voitures à l’issue du Salon de l’Auto !

  1. On a dénombré en 2017, selon l’IWEPS, Institut Wallon de l’Evaluation, de la Prospective et de la Statistique, 10 939 accidents corporels sur les routes wallonnes (38 020 pour la Belgique) faisant au total 14 683 victimes (49 066 pour la Belgique) dont 13 422 blessés légers (44 694 pour la Belgique), 23 235 pour la Flandre et 3 846 pour Bruxelles), 972 blessés graves (3 757 pour la Belgique) et 289 personnes (615 pour la Belgique) ayant perdu la vie dans les 30 jours suivant l’accident.

Canopea