Systèmes de compensations des émissions de CO2: à boire et à manger !

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Une étude commandée par Inter-Environnement Wallonie analyse la valeur des divers programmes proposant de compenser ses émissions de carbone.

A la demande d’Inter-Environnement Wallonie (IEW), fédération des associations environnementales, le chercheur André Heughebaert (ULB) a analysé les différents programmes des organismes proposant à tout un chacun de « compenser » ses émissions de CO2. Son travail fait apparaître une grande disparité dans la performance et la fiabilité des différents systèmes. Pour IEW, il importe donc d’opérer un choix informé lorsque l’on souhaite recourir à la compensation, laquelle ne doit par ailleurs constituer qu’un ultime recours.

L’équation est connue: chaque Belge émet en moyenne 8 tonnes de CO2 par an alors que la capacité d’absorption de ce CO2 par la planète (via la végétation, les océans…) est, sur base de la population mondiale actuelle, limitée à 1,8 tonnes. Toutes les émissions excédentaires contribuent dès lors à l’effet de serre responsables des changements climatiques en cours.

Pour enrayer ce phénomène, il importe avant tout de réduire nos émissions en changeant nos mauvaises habitudes et en adoptant un certain nombre de comportements élémentaires: choisir des appareils basse consommation; isoler notre logement de manière performante; préférer le transport en commun, le vélo ou la marche à la voiture chaque fois que c’est possible; éteindre la lumière dans les pièces inoccupées; etc.

Si cela ne suffit pas, il est possible de « compenser » le solde de nos émissions excédentaires en finançant une réduction d’émissions équivalente mais réalisée ailleurs et/ou par d’autres.

Le système est à la mode et, face à la gravité de la crise climatique, de plus en plus d’acteurs y ont recours. Les principaux événements sportifs ou de grandes conférences internationales mettent ainsi un point d’honneur à être « neutre en carbone ». Et un nombre croissant de particuliers « compensent », par exemple, leurs déplacements en avion.

Mais tous les programmes de compensations ne sont pas d’égale valeur. L’étude réalisée par le chercheur André Heughebert à la demande de la fédération Inter-Environnement Wallonie met en exergue une grande disparité, notamment dans la fiabilité de leur calculateur et dans l’efficacité des outils de compensation. Une hiérarchie a donc été établie afin de faire ressortir les plus crédibles, c’est-à dire ceux qui: sont transparents tant dans leur méthode de calcul que sur les projets dans lesquels ils investissent; sont contrôlés par des tiers indépendants; ne financent pas des puits de carbone; utilisent les standards internationaux.

Les personnes désireuses de recourir à ce système ont donc tout intérêt à se référer au préalable à cette étude disponible sur le site : Je compense et je compare

Tout en se réjouissant de pouvoir mettre cet outil à disposition du public, IEW rappelle que la compensation ne doit constituer qu’un ultime recours, lorsque toutes les actions permettant une réduction des émissions ont été mises en oeuvre, et ne peut en aucun cas constituer un moyen de se donner une virginité environnementale sans modifier aucunement nos habitudes de consommation et/ou de production.

Contacts :

 Pierre Titeux

 Jean-Yves Saliez