Triste anniversaire : 10 ans de présence Ryanair à Gosselies, 10 ans de dumping environnemental et social

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Ce mardi 26 avril 2011 marque le dixième anniversaire de la désignation de l’aéroport de Gosselies comme première « base continentale »1 de la compagnie low-cost Ryanair. Loin de se réjouir de ce que l’on présente comme une success-story de la Wallonie qui gagne, la Fédération Inter-Environnement Wallonie veut rappeler que l’essor de la société irlandaise repose sur des pratiques relevant du dumping environnemental et social. IEW prédit en outre, à moyen terme, une désillusion à la hauteur des espoirs et investissements placés dans « Brussels South ». L’explosion du prix des carburants et la lutte contre les changements climatiques condamnent en effet le modèle – peu reluisant – sur lequel Ryanair a bâti son succès.

Le 26 avril 2001, l’aéroport de Gosselies (ou Brussels South Charleroi Airport – BSCA) devenait la première base continentale de Ryanair. L’aéroport prenait une nouvelle dimension : il y aurait désormais un avant et un après 26 avril. Ainsi, le 30 juillet 2001, faisant table rase des 1.250.000 personnes transportées sur la décennie précédente, BSCA fêtait son 100.000ème passager et un an plus tard, le 19 avril 2002, il accueillait le 1.000.000ème. La croissance exponentielle était lancée : au premier trimestre 2011, l’aéroport enregistra 1.202.625 voyageurs, soit un peu moins en trois mois que sur les 10 années ayant précédé l’arrivée de Ryanair. Car les destins de l’aéroport et de la société low-cost sont intimement liés : Ryanair propose 63 destinations alors que les trois autres compagnies basées à Gosselies (Jetairfly, Wizzair et Jet4you) en totalisent 17.

Au-delà de ces chiffres impressionnants qui pourraient être interprétés comme révélateurs d’une success-story il convient de s’interroger sur les fondements du système. Et là, le constat est amer.

Au niveau environnemental, le principe même de vols courts à prix cassés constitue une aberration lorsque l’on connaît les impacts de l’aviation en terme de pollutions et gaz à effet de serre. Mais ce n’est pas tout. A Gosselies, les règles relatives aux vols en-dehors des heures d’ouverture de l’aéroport ont été adaptées pour correspondre aux exigences de Ryanair, ce au mépris de la quiétude des riverains.

Au niveau fiscal et des aides publiques, la Wallonie a déroulé le tapis rouge sous les pieds de Monsieur O’Leary, le bouillonnant patron de Ryanair, incluant dans le contrat signé en 2001 de nombreuses dispositions très favorables (tarifs préférentiels pour les redevances d’atterrissage et l’assistance en escale ; remboursement de frais de formation et d’hôtel – …que le personnel garde pourtant à sa charge ! (voir plus bas) ; etc. ) – et se pliant depuis lors en quatre pour satisfaire ses exigences.

Mais c’est sans doute au niveau social que la situation s’avère la plus inacceptable. La Fédération Inter- Environnement a récolté des documents et témoignages attestant du mépris avec lequel la compagnie irlandaise traite ses travailleurs. Un exemple parmi des dizaines d’autres : le contrat du personnel de cabine (hôtesses et stewards) prévoit une rémunération de 15 euros (!) pour un vol d’une durée d’1H45 maximum et de 27 euros au-delà. Ce personnel doit en outre prendre à sa charge : la location de son costume (30 ¤/mois), ses repas et boissons à bord, ses frais de déplacements jusqu’à l’aéroport, son badge d’identification, son logement aux abords de l’aéroport lorsque les horaires l’exigent)… Tout cela conjugué à une protection sociale quasi inexistante et une interdiction de fait de la liberté d’association.
Difficile dans ce contexte de souhaiter autre chose qu’un « unhappy birthday ».

Canopea