Une finance propre pour sauver le monde

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Le capitalisme actuel est, c’est important de le souligner, une forme particulière du capitalisme, caractérisée par la toute puissance de la sphère financière. En effet, depuis que Nixon a décidé en 1971 de supprimer la convertibilité-or du dollar, le système de Bretton Woods, mis en place après la deuxième guerre mondiale pour garantir une stabilité financière internationale, s’est effondré. Progressivement, les différentes monnaies nationales ont abandonné leur convertibilité-or, et on en est arrivé à un système généralisé de taux de change flottant. Depuis 30 ans, nous avons connu 98 krachs bancaires et 167 krachs monétaires . On ne peut pas vraiment parler de stabilité financière !

Pourtant, des solutions existent, mais elles sont peu divulguées par les médias dominants. Qui sait par exemple qu’en Hollande, les banques ont échappé à la crise car elles sont restées prudentes et n’ont pas investi dans les subprimes ? Qui sait que chez nous, la banque Triodos, qui ne spécule pas et investit à 100% (!) dans des projets durables (à plus-values sociales, environnementales ou culturelles) a traversé la crise de 2009 avec un bilan en hausse de 26% ?

La finance durable existe

La finance durable existe bel et bien et a le vent en poupe. De plus en plus de citoyens se tournent vers cette finance responsable et prudente, qui ne risque pas de s’effondrer et de nécessiter l’intervention de l’Etat (et donc de nos impôts…) pour fonctionner correctement. En Belgique, deux associations font un travail remarquable d’éducation permanente et de diffusion d’informations sur ce sujet. Il s’agit du réseau « Netwerk Vlaanderen », dont le site internet est depuis peu traduit en français, et du réseau financement alternatif (RFA). Parmi les informations disponibles sur le site de netwerk vlaandere on peut relever un classement détaillé des banques actives en Belgique selon des critères précis de durabilité. Du côté du RFA on trouve, entre autres, une liste des produits financiers éthiques et solidaires, disponibles en Belgique. Les produits financiers éthiques respectent des critères stricts d’exclusion des activités nocives (notamment à l’environnement) et d’inclusion des activités positives telles que la réinsertion sociale et le développement des énergies renouvelables. Les produits solidaires sont des produits financiers dont une partie du rendement est investit dans l’association choisie par le titulaire du titre. Ainsi, le citoyen désireux de se tourner vers la finance durable, a la possibilité d’obtenir une expertise indépendante et gratuitement mise à sa portée.

Et les mesures politique dans tout ça ?

Une ordonnance bruxelloise datant de 2006 oblige les communes de cette région à investir au moins 10% de leurs avoirs dans des produits financiers socialement responsables. Malheureusement, cette mesure est peu contrôlée et donc… peu appliquée.
En ce qui concerne la Région wallonne, la déclaration de politique régionale, pour les années 2009-2014, est ambitieuse en la matière : la Région Wallonne devrait investir 20% de ses avoirs de manière socialement responsable pour 2012, et 30% pour 2014. La Déclaration est ambitieuse donc, mais l’application laisse, elle aussi, à désirer…

Il importe enfin d’attirer l’attention sur le fait suivant : les banques ont bien compris l’opportunité à saisir en matière d’investissement socialement responsable (ISR), et de fait, toutes les banques proposent maintenant des produits financiers dits « éthiques ». Mais l’analyse montre qu’ils ne le sont pas toujours. Aussi, dès décembre 2008, le RFA a élaboré une proposition de définition d’une norme légale fédérale concernant l’ISR (consultable ici). Cette proposition a été approuvée par les syndicats et par de nombreuses associations, dont IEW. Le Parlement avait commencé à l’étudier avant que le gouvernement n’éclate, ce qui a retardé le processus d’adoption de la norme. Si un jour une telle norme était adoptée, cela permettrait de donner un signal clair en faveur de l’ISR, avec une sélection des produits éthiques authentiques.

Extrait de nIEWs (n°86, du 20 janvier au 3 février 2011),

la Lettre d’information de la Fédération.

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