Une station d’épuration au site de Housta ?

Namur, le vendredi 19 mars 2004.

OUI à une station d’épuration à Braine-le-Château,
NON au site de Housta !

« L’ Orchis » dévoilée sur un site contesté

Salle comble et surchauffée, hier soir, à Braine-le-Château. L’Intercommunale du Brabant wallon (IBW) présentait son projet de station d’épuration, dénommé « L’Orchis », « en souvenir des orchidées sur la pelouse d’à côté », nous confiera, non sans cynisme, Claude Pasture, directeur de l’IBW. Et comme pour en rajouter un peu plus, il précisera aux riverains, que cette station est réalisée dans le but d’épurer « leurs eaux sales », sous les huées de la salle, 10 % seulement des eaux traitées provenant de Braine-le-Château, les 90 autres venant de Braine-l’Alleud et de Waterloo.

Une station d’épuration : pas là !

Nos associations o­nt, à maintes reprises, manifesté leur soutien à la nécessaire politique d’épuration des eaux usées en Région wallonne. Nul doute, en effet, que l’épuration des eaux usées doit enfin trouver des réalisations concrètes, et notamment par l’implantation de stations d’épuration. Mais pas n’importe comment et pas n’importe où ! D’autres impératifs doivent être pris en compte, et notamment, la protection des milieux naturels et la protection des paysages de qualité. Nous opposant aux réactions de type NIMBY, nous estimons que le site retenu par l’IBW n’est pas approprié à plus d’un titre. Surplombant une zone humide d’intérêt biologique, reprise d’ailleurs dans les sites destinés à former le réseau Natura 2000, il présente un intérêt paysager indéniable – dont atteste son affectation au plan de secteur – mais également un intérêt patrimonial et naturel (voir annexe 1 – encadré) !

Une étude bâclée…

Ayant eu accès aux études réalisées ou commanditées par l’IBW dans le cadre de ce projet, nous avons dû constater l’insuffisance de l’étude préalable réalisée par l’Intercommunale . Le choix du site d’implantation repose en effet sur un feuillet de quatre pages, présentant en une dizaine de lignes 16 sites alternatifs avec « leurs forces et leurs faiblesses ».Il n’y apparaît, aucune méthodologie, aucune transparence quant aux critères d’évaluations et l’IBW ne pouvait nous en faire part en séance, certains sites possibles o­nt été rejetés sur simple avis de la commune, … De plus, cette étude n’envisage l’implantation que d’une station unique, alors que la réalisation de deux stations est tout à fait envisageable : une grosse station (épurant Braine-l’Alleud et Waterloo) en amont de Braine-le-Château et une petite en aval. C’est d’ailleurs ce que confirme une étude complémentaire réalisée à la demande des associations. Selon l’IBW « Différentes contingences font qu’il est plus raisonnable de choisir un site plutôt que deux », il fallait le dire…peut-on se satisfaire d’une telle affirmation ? Résultat, un site d’implantation excentré, en aval de la zone épurée et nécessitant un relevage des eaux usées de 29 mètres, avec un besoin énergétique supplémentaire équivalent aux besoins annuels en électricité de 150 ménages.

D’autres sites plus favorables

Nos associations avaient demandé que d’autres sites potentiels soient étudiés dans la vallée du Hain. Une étude comparative a été réalisée entre le site proposé par l’IBW et une solution alternative (privilégiant deux stations) : elle conclut que les coûts des deux scenarii sont équivalents ! Et o­n peut même présumer que le scénario alternatif est plus avantageux, car nous avons dû constater le manque de sérieux de cette étude comparative : l’auteur semble charger les projets alternatifs de divers inconvénients (certains arguments sont même non fondés !), et atténuer les inconvénients du site privilégié par l’intercommunale. Nous nous étonnons du manque de rigueur dans cette étude et réclamons qu’une étude comparative plus fouillée sur les sites alternatifs soit réalisée dans le cadre de l’étude d’incidence.

Ainsi, les associations voudraient clairement voir dans l’étude d’incidence une évaluation comparative en terme d’impact sur le paysage, sur le patrimoine naturel, et sur le coût énergétique, notamment, des différentes alternatives envisageables et proposées !

L’auteur de l’étude d’incidences disposant d’un mois et demi pour réaliser son étude, nous ne pouvons que constater qu’il a vraiment du pain sur la planche !

Annexe 1 : Housta, le site d’implantation projeté par l’IBW

Véritable oasis de nature au c½ur du Brabant, le site de Housta mérite clairement d’être préservé de l’urbanisation.

Point n’est besoin de longs discours pour comprendre que l’implantation à cet endroit d’une station d’épuration de 95.000 EH (occupant une superficie de plus de 4 ha !) défigurera définitivement le site. Le paysage vallonné et bocager ne supporte guère la construction de bâtiments qui en détruiraient irrémédiablement le caractère…

Le vallon de Housta est un site exceptionnel a bien des points de vue. Il est un vestige de notre passé agricole et paysager, s’étendant au pied d’une très belle ferme classée comme monument, datant du XVIème siècle (ferme de la Motte). Deux ruisselets coulent dans un fond humide, dominé par des prairies de pâtures extensives abritant une flore diversifiée ; le tout est parcouru de vieilles haies ou alignements d’arbres têtards remarquables.

Ce site nous est parvenu intact depuis le XVIIème siècle grâce à plusieurs générations d’agriculteurs amoureux du caractère traditionnel de leurs terres. C’est grâce à eux que le site recèle une richesse biologique exceptionnelle, disparue partout ailleurs en Moyenne Belgique. En attestent notamment deux études, l’une réalisée par le Professeur Tanghe (ULB) et indiquant que « le site est rarissime dans la partie wallonne de la région limoneuse Hainaut-Brabant-Hesbaye », et l’autre, réalisée par le Professeur Lebrun (UCL), concluant que « le site de Housta présente une entomofaune exceptionnellement riche, typique de milieux en voie de disparition en Moyenne Belgique et comportant des espèces rares ou en forte régression dans la région ». Le joyau du site est incontestablement une population remarquable d’orchidées : plus de 1200 pieds, un record !

Cet héritage, nous nous devons de le livrer aux générations futures !

Contacts et informations plus détaillées sur le dossier : Pour Natagora: Christiane Percsy (02/654.18.44) et Stephan Fox (081/22.36.32), pour IEW: Lionel Delvaux (081/25.52.95).