Votre argent sert (peut être) à financer des bombes à sous munitions !

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Société
  • Temps de lecture :4 min de lecture
You are currently viewing Votre argent sert (peut être) à financer des bombes à sous munitions !

« Etes-vous sûr de vouloir retirer votre argent ici ? » Cette phrase, les Danois, l’ont vu fleurir dès le 1er octobre sur de nombreux distributeurs de banque à l’occasion de la « Journée du changement de banque ». Cette initiative citoyenne a pour but de conscientiser la population à l’usage qui est fait de leur argent par les banques du pays et de demander aux clients de changer d’institution si celle-ci ne partage pas un certain nombre de vos valeurs. Cette action fait suite au mouvement « Move (Y)our Money »Pour plus d’informations, le site anglais http://www.moveyourmoney.org.uk/ et le site américain http://www.moveourmoneyusa.org/. et au « Bank Transfert Day » qui ont vu le jour aux États-Unis et au Royaume-Uni peu après le début de la crise financière. De nombreux citoyens conscients de la responsabilité des banques dans la crise économique et financière et du caractère non-durable de ces mammouths financiers (les fameux Too Big to Fail) ont décidé de déserter les grandes institutions financières pour devenir clients dans des établissements bancaires de taille plus modeste, moins enclins à la spéculation financière et à la recherche du profit à tous crins. Il est intéressant de voir que cette initiative a vu le jour dans des pays considérés comme des temples du néolibéralisme mais rien de tel dans nos États d’Europe continentale. On se souvient évidemment de l’appel lancé fin de l’année 2010 par Eric Cantona de « faire la révolution dans les banques » et qui incitait les français à retirer en masse leur argent pour que le « système s’écroule ». Cette déclaration fracassante propre à l’ancienne star du ballon rond est cependant restée lettre morte et le système est bien resté en place. Il est vrai que le succès en Belgique de la banque Triodos peu en partie s’expliquer par cette conjoncture. Ainsi au premier semestre 2012, 1,03 milliards d’euros, en augmentation de 6% par rapport à l’année précédente, ont été déposés sur les comptes des clients, une première dans l’histoire de la succursale belge de cette société néerlandaise. Si ce chiffre peut de premier abord paraitre important, il est à relativiser. En effet, en juin 2012 l’ensemble des fonds placés sur les comptes belges crevait un nouveau record pour atteindre les 227,6 milliards d’euros. L’encours chez Triodos ne représente donc approximativement que 0,45% de l’ensemble des dépôts belges : une paille. Triodos n’est évidemment pas la seule institution à proposer des investissements socialement responsables, d’autres formules comme le crédit coopératif existent mais restent marginales dans le paysage bancaire belge.

Il est regrettable qu’en Belgique, une telle prise de conscience n’ait pas vu le jour. Des initiatives de conscientisation existent portées notamment par le Réseau Financement Alternatif. Une des causes de cette inertie est probablement le manque de conscience de l’impact de la finance sur l’économie réelle. Cette illustration des Amis de la Terre montre pourtant bien l’importance du choix d’une banque ou d’un produit financier.

baanque.jpg

Ainsi toujours selon cette ONG, les émissions indirectes (leurs choix de financements et d’investissements et leur métier de conseil financier) des banques françaises représentent 1,32 Gt de CO2 en 2004, soit 5,06% des émissions mondiales totales. Cela représente 3,2 fois les émissions totales de la France. La question environnementale est donc essentielle mais elle fait partie d’un ensemble plus important lié aux droits sociaux et économiques.

Les sites internet « Bantrack » et « Financeresponsable » constituent une formidable source d’information sur les investissements réalisés par les principales banques mondiales. Ils vous permettent de voir quels produits controversés (gaz de schiste, bombes à sous munitions, etc.) ils financent à travers le monde et ainsi quelles activités contraires aux droits de l’homme, aux droit sociaux, aux droits économiques et nuisibles à l’environnement vous financez grâce à votre épargne.